cinema

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Réalisateur(s): Orson Welles
Scénariste(s): Herman J. Mankiewicz, Orson Welles
Acteurs: Orson Welles, Joseph Cotten Dorothy Comingore Agnes Moorehead Ruth Warrick
Compositeur: Bernard Herrmann
Date de sortie: 1941 - USA

D'emblée, le soucis avec Citizen Kane pour un cinéphile qui découvre le film aujourd'hui, ce sont les attentes démesurées placées en lui et ce à cause de sa réputation de "plus grand film de tous les temps". Premier film d'Orson Welles et assurément un chef d'œuvre absolu pour bon nombre de cinéphiles, Citizen Kane fascine par bien des aspects. C'est un film qui semble être hors du temps, avec minimum 50 ans d'avance sur son temps, tellement il révolutionne tout. Non seulement il révolutionne la façon de filmer, mais aussi la façon de raconter une histoire. C'est aussi l'exemple type du film qui gagne énormément en appréciation après plusieurs visionnages. Il faut digérer la narration complexe du film la première fois qu'on le voit et les fois suivantes on peut alors mieux se concentrer sur la mise en scène qui regorge d'inventivité.

Déjà, le film commence par la fin et très vite il challenge vos neurones. L'histoire est complexe et Orson Welles ne fait rien pour vous faciliter sa compréhension. Bien au contraire, il use et abuse de la narration éclatée pour vous forcer à rester bien en alerte. Le film démarre donc avec la vision d'une immense demeure apparemment abandonnée et devant l'entrée un panneau "No trespassing", ce qui n'empêche pas la caméra d'entrer dans la propriété puis à l'intérieur de la demeure, pour finir sur un homme manifestement mourant. Allongé et en présence d'une infirmière, c'est alors que le mot prononcé par ses lèvres résonne dans notre tête "Rosebud". Le film nous raconte ensuite la vie de Kane, en commençant par son enfance et le récit va effectuer une boucle narrative, pour en conclusion répondre à la question soulevée au début film : c'est quoi Rosebud ?

A partir de là, lorsque le mot "Rosebud" est prononcé, Orson Welles cultive le mystère, il stimule tous vos sens par l'image et le son et au moyen d'une mise en scène révolutionnaire pour un film de 1941. Il ne se refuse rien, jugez plutôt : les ralentis, les accélérés, le jeu des échelles et des contrastes dans le plan, les inserts, la profondeur de champs, la caméra qui traverse le second plan, les plans désaxés qui succèdent à des plans plus classiques ... nos yeux sont tout le temps stimulés par l'image et on a pas une seule seconde de répit.

La construction en flash-back du récit avec des ruptures de temps et qui plus est, avec plusieurs niveaux de lecture, n'aide pas beaucoup le spectateurs à y voir plus claire dans tout ça ... mais si on s'accroche jusqu'à la fin, mon dieu que c'est satisfaisant. Et c'est alors qu'on comprends mieux le pourquoi du comment Citizen Kane jouit d'une réputation si flatteuse.

Toujours est-il que le film ressemble quand même à du bricolage par moments et suscite très peu d'empathie pour son personnage principal. La beauté visuelle indéniable du film, peut-être le plus beau film de tous les temps, ne fait pas oublier la froideur émotionnelle du film. A mes yeux, Citizen Kane n'est pas le chef d'œuvre absolu du septième art, ni d'ailleurs de son réalisateur. Je suis plus sensible à la direction prise dés son second film La Splendeur des Amberson, avec une mise en scène toujours aussi inventive, mais une narration plus classique et des personnages plus chaleureux.

 

 

 

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