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Réalisateur(s): Alex Proyas
Scénariste(s): Lem Dobbs, David S. Goyer, Alex Proyas
Acteurs: Rufus Sewell, William Hurt, Kiefer Sutherland, Jennifer Connelly
Compositeur: Trevor Jones
Date de sortie: 1998 - USA

Tout commence dans une salle de bain. On y voit un homme sur le front duquel perle une goutte de sang, dans une baignoire. Une lampe vacille, l’homme se réveille. Confusion et incompréhension sont alors son lot lorsqu’il s’aperçoit qu’il est dans un étrange hôtel et qu’il est recherché pour des meurtres dont il n’a aucun souvenir. On apprend, en suivant l’homme dans sa quête d’identité et de mémoire, qu’il s’appelle John Murdoch et qu’il est poursuivi par un détective du nom de Bumstead pour les meurtres qu’il aurait commis. Bientôt, il comprend que les choses ne sont pas comme elles devraient l’être lorsqu’il voit la ville entière s’endormir brusquement et que tout change. C’est alors qu’apparaissent les « Étrangers ».

 

La puissance du scénario n'a d'égal que la beauté du film (effets spéciaux + décors + mise en scène)... et les trouvailles visuelles de PROYAS ...




Certains spectateurs de ce films ont trouvé les étrangers ridicules et que les acteurs surjouaient, mais n'allez pas croire pas que c'est un involontaire! Ce film est un mélange de genres allant du polar des années 40 à la science fiction, en passant par le fantastique. Il brasse un nombre incalculable de références, et notamment la bande dessinée européenne (Schuiten et Peeters), les comic books (Batman, the shadow) et le manga (Rêve d'enfant, Akira). Ce qu'ils considèrent donc comme un défaut est en fait une intention du réalisateur de créer dans ce melting pot d'influences culturelles (Fritz Lang, les jeux vidéo, la BD, le film noir...etc) des clichés de personnages archétypaux (étrangers, inspecteur, chanteuse de cabaret...) afin d'apporter au spectateur des points d'accroche dans un récit labyrinthique. Et ces étrangers, à l'aspect déconcertant servent de point de rupture entre un univers plausible typique années 40 et un basculement vers le fantastique...



D'autres ont trouvé le scénario bancal, brouillon et la fin "risible" et c'est là que je suis le moins d'accord, car Goyer, bien que médiocre réalisateur est, néanmoins, un bon scénariste. Et la grande force de son récit est de savoir gérer les genres. En commençant son film comme un polar, puis basculant radicalement au fantastique avec l'apparition des étrangers, il perd le spectateur dans les méandres de son scénario comme son personnage peut l'être dans cette ville prison. Puis il distille la dimension science-fictionnelle par petites touches pour exploser dans la scène finale.

 

Dark city, bien que devenu culte avec les années, n'a pas connu le succès mérité lors de sa sortie en salle, contrairement à Matrix sorti peu après, dont on pourra douter de l'inadvertance des similitudes qu'il partage avec son prédecesseur. On pourra également regretter que le grand public ait privilégié la mièvre philosophie des Wachowski étalée comme de la confiture à la subtilité distillée de Dark city, ainsi que le manichéisme binaire des aventures de Neo, là où le récit de Murdoch se veut bien plus alambiqué et ambigue.

 

 

Dark city est un chef d'oeuvre anachronique et intemporel, une oeuvre qui dévoile ses richesses avec le temps, un cauchemar de science fiction, la quête identitaire d'un homme qui n'est pas un messi mais juste un type lambda qui essaye de reconstruire sa personnalité sur les ruines d'un passé qui n'est pas vraiment le sien. Dark city c'est une nuit sans fin, d'où jaillira la lumière et l'espoir in extremis.

 

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