cinema

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Réalisateur(s): Wes Craven
Scénariste(s): Wes Craven
Acteurs: Robert Englund, Heather Langenkamp, Johnny Depp,
Compositeur: Charles Bernstein
Date de sortie: 1984 - USA

 

Avec Freddy Krueger et les Griffes de la nuit, Wes Craven est parvenu à proposer l'un des croquemitaines parmi les plus mémorables du cinéma d'épouvante, un mythe maintenant rentré de plein pied dans la pop culture au côté de Leatherface, Michael Myers, Jason, la poupée Chucky ... et exploit qu'il réitèrera 20 ans plus tard avec Ghostface de la série Scream. C'est aussi l'occasion pour le futur réalisateur de Scream de jouer avec les codes du genre, de naviguer entre rêves et réalité, dans un glissement quasi imperceptible vers l'onirisme, ce qui permet des séquences très spectaculaires où l'horreur peut surgir de partout, de l'eau d'un bain ou d'un lit qui peut littéralement vomir des torrents de sang.

Freddy Krueger (Robert Englund) est un tueur d'enfants brûlé vif dans une chaufferie, lors d'une expédition punitive menée par les parents de ses victimes. Il revient ensuite hanter les rêves de la progénitures de ses assassins, toujours avec son chapeau marron et son pull rayé rouge et vert, mais cette fois-ci armé de ses griffes d'acier et portant désormais sur tout le corps les stigmates de sa mise à mort. Avec lui, mourir dans ses rêves, c'est crever pour de bon.

Je viens de regarder à nouveau ce film l’autre jour et c’est toujours sacrément impressionnant. Le jeu des acteurs n’est pas toujours très juste et certains effets spéciaux sont quelque peu datés, mais c’est toujours aussi puissant d'un point de vue visuel et émotionnel. Son pouvoir réside dans le fait que le sommeil ne peut être évité. Dans tant d’autres films d’horreur, les victimes ne sont rien d'autre que du bétail, errant bêtement avant d'entrer dans l’abattoir et criant "Y-a-t-il quelqu’un ici ?" alors qu’ils tombent eux-mêmes "à l’insu de mon plein gré" dans le piège. Ils se retrouvent délibérément dans des situations stupides et de ce fait nous ne ressentons aucune pitié réelle pour eux lorsqu’ils sont éviscérés.

Cependant, dans Les Griffes de la nuit la seule chose que les personnages font pour se mettre en danger, c'est d’aller dormir. Même l’insomniaque le plus hardcore (comme moi) sait que finalement, le sommeil viendra inexorablement vous cueillir, c’est inévitable. Nous ne pouvons pas blâmer les personnages d’errer en faisant des choses stupides dans leurs rêves, car combien d’entre nous ont eu des rêves enfants; dans lesquels nous nous retrouvons nus à l'école (ou autres situations les plus risibles) ? Très rarement nous contrôlons nos rêves et la seule personne en contrôle de tout dans Les Griffes de la nuit, c'est bien Freddy Krueger.

Pour une fois, pour soutenir un discours aussi fort, le metteur en scène a su s'entourer d'un casting crédible, avec la présence rassurante du briscard John Saxon et les débuts prometteurs d'un jeune Johnny Depp encore imberbe. Et il y a Heather Langerkamp, bien qu'elle soit un ton en dessous de ces petits camarades, elle arrive néanmoins à s'imposer en tant que rivale sérieuse de Freddy (à l'instar d'Ellen Sigourney Weaver Ripley), au point de revenir s'y frotter à deux reprises, bizarrement dans les deux seuls autres volets valables de la série. Tous sont autant les jouets de Freddy que de Wes Craven, maitre du jeu où l'illusion, la malléabilité des son univers et l'outrance de la mise en scène sont ses principales armes.

Robert Englund est impeccable dans le rôle de Freddy. Avant la sortie de ce film, les croquemitaines ont toujours été des monstres au physique imposant, silencieux et sans expression, généralement cachées derrière des masques. Non pas qu’il y ait quelque chose de mal en cela, mais Robert Englund nous propose ici un tout nouveau visage du croquemitaine. Freddy est couvert de tissus cicatriciels, au visage hideusement brûlé et habillé en claudo ... et malgré tout, il reste cool. Avant d'éventrer ses victimes qui hurlent de douleurs, Freddy doit d’abord les taquiner un peu, flirter avec elles, les humilier ou faire le pitre. Il oblige Tina à le regarder se couper les doigts et lui sourit comme un oncle facétieux qui vient de sortir une pièce de monnaie de derrière son oreille. Il enfonce sa langue dans la bouche de Nancy via son téléphone. Dans ce premier volet des Freddy, il réserve ses pitreries pour les personnages féminins, mais il y a beaucoup de suites dans lesquelles ls personnages masculins y auront droit aussi..

Les Griffes de la nuit arrive à point nommé au milieu des années 80, à une époque où les films de croquemitaines cartonnent au box office. Cela reste le meilleur film de la série des Freddy, avec quelques bonnes suites (Freddy 3 Les griffes du cauchemar et Freddy sort de la nuit) et beaucoup d'autres vraiment merdiques. Et si de nombreux slasher des années 80 ont pris un sacré coup de vieux aujourd'hui, Les Griffes de la nuit quant à lui vaut toujours la peine d’être regardé même plus de 35 ans après. C'est un film tellement génial et innovant pour son époque, aux effets spéciaux vraiment très cool et aux effets sonores assez troublants (les griffes d'acier de Freddy qui résonnent à nos oreilles et des bébés chèvres bêlant de terreur). La chaufferie est un personnage en lui-même, la personnification de l'enfer, avec ses tuyaux sifflants et ses chaînes rouillées.

Les Griffes de la nuit, c'est de très, très loin mon slasher préféré et l'un de mes films d'horreur préféré. J'ai grandi avec la saga des Freddy, une saga très inégale dont seul le premier film peu légitimement être considéré comme un chef d'œuvre absolu, mais une saga qui profite à fond du jeu et de l'attrait de son méchant, Freddy Krueger aka Robert Englund. C'est le croquemitaine le plus charismatique de tous les croquemitaines, car le plus effrayant et le plus drôle aussi. Tout est absolument génial chez ce personnage, son look improbable, son art de la punchline, sa capacité de venir nous poursuivre même dans nos rêves où il a tous les pouvoirs que son imagination lui permet d'avoir. C'est pourquoi et à mes yeux, Les Griffes de la nuit remporte aisément le trophée du plus grand de tous les slasher.

 

 

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