Excellente surprise, je suis passé à côté pendant des années en pensant catégoriquement que c'était un énième film sans personnalité à la gloire de Delon. Mais quelle erreur ! C'est tout bonnement un des meilleurs films français des 70s et le meilleur Delon que j'ai vu !
Il en est de même pour Losey, que je prenais pour un tâcheron français aux ordres de la star, alors que c'est un très bon réalisateur (américain) qui avait déjà une longue carrière derrière lui, et qui fut sacré à Cannes (Le messager) et aux Césars (Monsieur Klein).
J'avais tout faux.
Résumé : En 1942 à Paris, sous l’Occupation, l’Alsacien Robert Klein fait des affaires, notamment en rachetant à vil prix des objets d’art à des juifs en difficulté. Alors qu’il reconduit à la porte l’un d’eux à qui il vient d’acheter un petit tableau du maître néerlandais Adriaen van Ostade, il découvre parmi son courrier un exemplaire des {Informations juives}, journal habituellement distribué sur abonnement spécial. L’affairiste se rend alors compte qu’il existe un autre Robert Klein, homonyme, abonné au journal parce que juif et fiché comme tel à la préfecture de police...
Reconstitution semi-historique (le réalisateur faisant volontairement quelques entorses à la véracité et la précision des faits), écrite notamment par costa-gravas et solinas, Mr Klein, film kafkaïen par excellence évoque par ailleurs La mort aux trousses d'Hitchcock, Le locataire de Polanski ou le plus récent Enemy de Villeneuve. Dans une ambiance sordide d'anti sémitisme institutionnalisé, Losey nous propose une descente aux enfers, pleine de mystères qui ne trouveront pas forcément de réponses. L'ambiance y est magnifiquement mise en scène, à la fois irréelle, absurde, glauque, le réalisateur excelle à capter les sentiments et la tensions de ses personnages. Delon, très impliqué dans la production du film est parfait en petit affairiste bourgeois, séduisant, immoral et profiteur, arroseur arrosé. Pendant que nous suivront notre "enquêteur" au comportement étrange et ambiguë, se succéderont quelques scènes emblématiques durant lesquelles l'horreur atteindra son paroxysme dans un final édifiant.
Du grand art, j'en redemande !