cinema

Pochette:
Réalisateur(s): Serge Leroy
Scénariste(s): André-Georges Brunelin
Acteurs: Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard
Compositeur: Giancarlo Chiaramello
Date de sortie: 1975 - France

Comme je voulais garder un esprit optimiste et bienveillant, j'ai regardé La Traque, un flim de 1975 visionnable intégralement sur ce célèbre site publicitaire proposant de diffuser des vidéos :

C'est une sorte de cousin de Dupont Lajoie, sans la dimension satirique. Juste factuel, cru et froid.

Pour une fois, je ne peux pas y voir une très belle histoire d'amour, car impossible, entre deux êtres que tout sépare, parce que l'une n'était absolument pas là pour ça, juste pour se mettre au vert, et l'autre n'en avait absolument rien à foutre, il voulait juste violer une femelle comme on consomme une friandise, habitué à disposer de tout comme ça lui chante.
Le fait que cette histoire se déroule dans un milieu extrêmement banal de nos campagnes franchouillardes met en exergue l'extrême médiocrité de cette France dite « d'en bas » qui en réalité se comporte avec le même sentiment d'impunité et de légitimité à tout détruire pour son bon plaisir qui existe à tous les niveaux de la société, en la plaçant dans un registre tragi-comique (comique, si, si, au début y'en a un qui fait un calembour avec « baise », promis).

Le genre de flim qu'il faudrait voir sans savoir ce qu'il va se passer, pour que la claque soit plus forte. Tout y est ciselé jusque dans les moindres détails pour bien poser les personnages, saisir leurs turpitudes et leurs motivations, sans lourdeur. Et c'est terrifiant de réalisme. C'est une espèce de portrait de la saloperie ordinaire, celle qui pèse sur nous par divers moyens, ici évidemment sur les femmes, d'entrée perçues comme des objets par les plus lourdauds du groupes, mais aussi tout le reste, toute cette mentalité consistant à disposer des choses de manière égoïste et irresponsable, comme des petits roitelets placés au centre du monde. Ces monstres ordinaires trouvent la limite de leur supposée impunité quand ils se rendent compte que leurs actes pourraient leur retomber dessus, cette fois.
Tout l'enjeu du flim est alors de savoir si oui ou non ils vont enfin assumer les conséquences de leurs saloperies.

Un propos puissant servi par des acteurs impeccables, bien écrit et saisissant, voici un flim comme on en voit peu.


Dans un genre très différent et sorti trente ans plus tard, on pourrait faire un lien avec Dead Man's Shoes qui d'une certaine manière traite de sujets similaires, mais autrement.
Éventuellement The Hunt cité plus haut mais vraiment pas pour les mêmes raisons, plutôt les deux faces opposées d'une situation comparable mais aux origines radicalement opposées.

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