Éric Chahi avait déjà tout dit !
Publié : 25 août 2022 13:18
J'ai retrouvé une vieille interview de ce génie du jeu vidéo, ça rejoint exactement ce que je disais récemment sur un autre topic, même si il reste des exceptions, notamment sur switch et chez Nintendo, le média propose avec le temps de plus en plus de films interactifs qu'on nous fait fait passer pour des jeux. Et la faute en revient autant aux producteurs/développeurs qui sont de moins en moins dans la créativité, qu'à la connivence des joueurs de nouvelle génération qui sont arrivés après la ps1 et qui n'ont pas connu l'époque du gameplay ancestral.
Aujourd'hui c'est déjà une forme d'art, si on considère l'art dans un sens très large. J'estime les "jeux premiers" plus proches de l'art, de part la démarche créative qu'ils ont impliqués. Certes les jeux actuels ont souvent une jouabilité mieux réglée, ils sont bien plus beaux, mieux finis mais en terme d'évolution c'est tout autre chose. Il y a surtout cette volonté, ce phantasme de se rapprocher du cinéma... C'est là que le bât blesse. Un jeu ce n'est pas du cinéma. Ce qui le caractérise c'est avant tout ce qu'il exprime par le biais de l'interaction entre le(s) joueur(s) et le programme. L'ajout d'éléments cinématographiques est devenu trop systématique, au point de nuire au jeu et à la création. Les budgets explosent. Aujourd'hui le jeu est calqué sur Hollywood, donc de l'esbroufe. Trop axé sur le pur divertissement. Le cinéma n'est en aucun cas un moyen d'expression ultime, c'est un média comme un autre, alors pourquoi le jeu devrait-il s'y conformer ? Je suis certain qu'il y a bien d'autres choses à exprimer par le biais du jeu vidéo qui doit dépasser ce stade pour devenir réellement mature.
C'est en ce sens que je pense que les "jeux premiers" étaient plus créatifs car sans modèles, il fallait tout créer, l'élan artistique était intense en pleine effervescence, la limitation principale étant matérielle la recherche du concept primait, aujourd'hui c'est l'inverse l'élan créatif est réduit au minimum, plus que jamais le jeu vit sur le tapis roulant du progrès informatique et de l'épate visuelle. La crise actuelle n'est pas prête de cesser tant que l'on suivra cette voie. Attention, je ne pense pas que tout ce qui sortait était génial, loin de là, au fond les comportements des auteurs et des éditeurs étaient les mêmes qu'aujourd'hui, quand un jeu était un succès commercial tout le monde s'engouffrait dans la brèche. Seulement le rythme de création était bien plus rapide, 3 mois à 2 ans pour créer un jeu. Aisément rentabilisable de par leur faible coût de développement, les éditeurs étaient moins regardant quand au contenu des jeux. Ces 2 facteurs, intense renouvellement, et souplesse éditoriale facilitait l'émergence de nouveaux concepts. Néanmoins je ne suis pas certain que les auteurs, s'ils avaient carte blanche, renouvelleraient d'une façon drastique le paysage vidéoludique. Les auteurs ont aussi leur responsabilité, mine de rien.