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Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 02 déc. 2025 20:25
par lessthantod
Je viens de mater Voyage à Tokyo ...

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Sorti en 1953 et réalisé par Yasujirō Ozu, Voyage à Tokyo est considéré par beaucoup comme le chef-d'œuvre du réalisateur japonais. Il film est donc sorti il y a plus de 70 ans dans son pays, mais il aura fallu attendre 1978 pour le voir (légalement) en salle en France, quinze ans après la mort de Yasujirō Ozu. Voyage à Tokyo est un film dramatique qui parle du temps qui passe, de la famille, de la nostalgie, de la solitude et d'une société qui évolue beaucoup trop vite pour nos deux protagonistes principaux. Le film est très soigné sur le fond, mais aussi sur la forme, qui épouse le fond. C'est un style très lent et posé, avec beaucoup de répétitions dans les cadres, pour souligner la routine. Vous êtes donc prévenus, ici, on est clairement pas chez Marvel.

Dans un Japon post seconde guerre mondiale, un couple de personnes âgées Shukishi et Tomi (Chishû Ryû et Chieko Higashiyama) décide de quitter leur village dans la campagne pour rendre visite à deux de leurs enfants Koichi et Kuniko (Sô Yamamura et Kuniko Miyake) qui vivent désormais à Tokyo. Les grands-parents vont très vite devenir des fardeaux pour des parents jeunes adultes qui ont beaucoup d'autres choses à gérer (enfants et travail). Et c'est finalement la belle-fille Noriko (Setsuko Hara), qui était mariée à l'un de leurs fils décédé durant la seconde mondiale, qui les accueille le mieux. Les grands-parents vont déambuler à Tokyo, être envoyés dans une station balnéaire, puis revenir dans les pattes de leurs enfants qui ne savent guère quoi faire d'eux. Shukishi et Tomi se rendent compte que la société a bien changé, à l'image de leurs enfants qui ont bien grandi.

Voyage à Tokyo est un film typiquement japonais, très contemplatif, avec beaucoup de non-dits et de subtilité dans l'étude des sentiments. La caméra est placée là, pour raconter des choses autrement que par des mots. A l'intérieur des appartements, la caméra est placée à hauteur du sol, avec un second, voire même un troisième plan, pour mettre en avant des objets, des meubles et des personnages qui se déplacent d'un plan à l'autre. Et dés qu'un dialogue intervient, qui d'ailleurs ne sont pas très nombreux, on passe au champ-contrechamp très proche des visages. L'expression des visages semble dire tout autre chose que les mots qu'ils prononcent (ou l'art du non-dit).

Le film oppose les parent de la nouvelle génération qui vivent dans un Tokyo hyper moderne (et post bombes d'Hiroshima et de Nagasaki) et les grands-parents de l'ancienne génération qui vivent à la campagne à sept cent kilomètres de là. Tout va trop vite pour Shukishi et Tomi, mais aussi pour leurs enfants qui ne prennent pas le temps de vivre et de profiter de l'instant présent. Et puis il y a la nouvelle génération, les petits-enfants de Shukishi et Tomi, qui parlent mal à leurs parents. Les traditions, les coutumes et le respect envers les ainés se perdent dans ce Japon "occidentalisé" par les américains ... tout part à vau-l’eau, quoi ! Enfin, tout part à vau-l’eau dans l'esprit de Yasujirō Ozu, qui a connu le Japon de l'avant-guerre, pendant la guerre et de l'après-guerre. On sent bien le regard désapprobateur d'un réalisateur traditionniste sur un japon moderne qui ne respecte plus rien, même pas ses ainés.

Le film est vraiment très beau, avec des cadres et des plans qui font penser à des tableaux. Et puis, il y a la beauté du visage des acteurs, dont la très belle Setsuko Hara qui est d'une beauté troublante. Cette beauté contraste avec le drame qui se déroule sous nos yeux. On devine très vite que ce voyage à Tokyo pourrait très bien être le dernier voyage des grands-parents ...
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Bref, Voyage à Tokyo est mon premier et seul film de Yasujirō Ozu que j'ai vu jusqu'à présent et je ne m'attendais pas à être autant réceptif, vu le sujet du film. Malgré la (relative) lenteur du film, Voyage à Tokyo est un film émouvant, d'une grande richesse formelle et thématique.

Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 03 déc. 2025 10:36
par wiiwii007
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- "Torn Curtain", réalisé par Alfred Hitchcock, sorti en 1966 -

J'ai trouvé la première partie assez longue et peu intéressante. Les deux amants qui se parlent et s'embrassent pendant une plombe ça a tendance à me gonfler... Hitchcock le fait souvent, c'est assez relou. L'histoire se met en place, mais j'ai trouvé ça un peu long.

C'est à partir de la confrontation entre les deux scientifiques que j'ai aimé. Dès cette scène on bascule dans le concret, le suspens est présent et les scènes deviennent cool jusqu'à la fin. Il y a tout de même quelques passages un peu étranges, exagérés qui m'ont fait sourire (la comtesse Kuchinska, ou le "Fire !" dans le théatre) , mais dans l'ensemble ça va j'ai passé un bon moment.

Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 03 déc. 2025 20:26
par Gringos10
Il faudrait que je le voie celui-là, j'aime bien Paul Newman

Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 03 déc. 2025 20:29
par Gringos10
wiiwii007 a écrit :
30 nov. 2025 15:30
Depardieu qui est vraiment très très bon en Danton (son premier vrai gros rôle bien joué)
Mais t'es fou????
Il y en a plein d'autres avant celui-là !

Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 03 déc. 2025 21:04
par wiiwii007
Ben pour moi non. C'est le premier que je trouve vraiment très très bon. Dans les autres il est bon mais ça reste normal. Là je trouve qu'il passe clairement un cap. Après, je n'ai pas regardé les films de Blier et de certains autres réa. C'est peut-être pour ça qu'on n'est pas d'accord.

Edit : Oui j'ai vérifié. T'as raison, il y a d'autres gros rôles avant. C'est juste qu'ils sont dans mes dossiers "réalisateurs". Faut que je fasse gaffe car ça m'induit en erreur du coup :super:

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- "Psycho III", réalisé par Anthony Perkins, sorti en 1986 -

Aie, l'opus presque de trop. J'exagère, j'ai quand même bien aimé le film. Mais par rapport aux deux premiers je voulais mieux. Dans ce troisième "Psycho" on tourne un peu en rond. Il n'y a plus de surprise, on reste sur les mêmes bases, les mêmes endroits, la même star à l'écran... C'est dommage.

J'adore Anthony Perkins dans son rôle de Norman Bates du coup je me laisse avoir... Dans ce film il est encore une fois très très bon. Mais en vrai ça manque clairement de nouveauté... Du coup j'ai peur pour le 4. Si ils refont encore la même chose ça va être très relou.


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- "Honey, I Shrunk the Kids", réalisé par Joe Johnston, sorti en 1989 -

30 ans plus tard, je retente l'aventure ! Gamin, je l'avais beaucoup aimé ce film. J'avais peur d'égratigner ce souvenir... Mais c'est bon, ouf ! Un souvenir nostalgique qui restera intact à jamais !!! :coeur:

C'était tellement bien ^^ Tout parait simple en le voyant, et pourtant... Le travail qu'a du demander le film a surement été gigantesque vu le délire qu'il y a à l'écran. Et en vrai, j'y ai cru, même aujourd'hui. Alors oui, on voit bien que c'est plastoc, mais il y a une sorte de magie qui opère et fait passer ces "défauts" pour des qualités. Je pense que cela vient de tous les à côtés : le jeu des acteurs (très bon casting à mon sens), de la narration, du son etc. J'étais dedans car l'émotion a pris le pas sur "l'analyse". Bref, c'est la notion même de "magie du cinéma" que j'ai pris dans la tête.

C'est simple, basique, naïf même, mais en réalité tout est minutieusement travaillé, rien n'est laissé au hasard et la magie opère selon moi. Qu'est-ce que c'est bon d'avoir un film qui réussi à faire ressortir cette petite part de "gosse" enfoui à l'intérieur :)

Vos dernières séances [films/Animes]

Publié : 05 déc. 2025 16:51
par lessthantod
Je viens de mater Miss Hokusai ...

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Sorti en 2015 et réalisé par Keiichi Hara, Miss Hokusai est un film d'animation qui se penche sur la vie du célèbre peintre et dessinateur japonais Katsushika Hokusai, comptant notamment parmi ses plus célèbres œuvres "La Grande Vague de Kanagawa". Mais plus que de la vie de Katsushika Hokusai, il s'agit surtout ici de nous raconter la trajectoire de l'une de ses filles O-Ei, d'où le titre du film Miss Hokusai. Après avoir énormément apprécié les deux précédentes œuvres de Keiichi Harade, Un été avec Coo (2008) et Colorful (2010), c'est peu dire si j'attendais beaucoup de ce film. Au final, je peux difficilement cacher ma déception devant ce Miss Hokusai.

Dans Miss Hokusai, on apprend à connaitre O-Ei, l'une des filles du célèbre peintre Hokusai. Katsushika Hokusai a alors la cinquantaine et est a déjà acquis une immense réputation, notamment à travers ses innombrables dessins érotiques. Il est à la fois capable de peindre sur des grains de riz et de peindre sur des toiles qui s'étalent sur plusieurs tatamis. Mais le film se concentre surtout sur O-Ei qui travaille avec son père et qui commence à découvrir la vie adulte avec ses premiers émois amoureux. O-Ei est très différente des jeunes femmes de son âge, elle se méfie encore des hommes, ne veut pas être cantonnée aux tâches ménagères qui incombent aux femmes à l'époque et plus que tout, elle veut devenir un peintre respecté de tous comme son père.

Il y a aussi les disciples d'Hokusai dont l'un qui vit avec O-Ei et son père et qui est en quelque sorte le personnage comic relief du film. Et puis, il y a toutes ces histoires de fantômes qui confèrent aux légendes japonaises, avec les peintures qui prennent littéralement vie devant nos yeux. O-Ei a également une très jeune demi-sœur qui est aveugle de naissance et très fragile. Hokusai n'a aucune relation avec elle, car pour lui, elle symbolise la maladie et la mort. O-Ei va bien tenter de rapprocher son père de sa plus jeune sœur, mais c'est peine perdue. Ayant peur de la mort et voulant devenir immortel (il vivra jusqu'à 90 ans), il ne veut pas être "touché" par la maladie de sa plus jeune fille.

Miss Hokusai c'est donc d'abord et avant tout l'histoire de l'émancipation d'une jeune femme, O-Ei aka Miss Hokusai. Mais le problème, c'est que cette trame centrale est phagocytée par tout un tas d'intrigues secondaires (la magie de l'art, le surnaturel avec les histoires légendaires, la fragilité de la demi-sœur, ...) traitées à la va-vite. Non pas que ces intrigues secondaires soient inintéressantes, mais ce n'est pas assez creusé et on reste à la surface des choses. Le personnage d'O-Ei nous est présenté comme une femme forte, mais le film n'en fait rien, ou pas grand chose. Elle est courtisée par un homme, mais elle le rejette. Elle est attiré par un autre homme, mais lui ne se montre pas intéressé. Finalement, rien de concret lui arrive côté sentiments amoureux. Et puis, que vient faire le surnaturel là-dedans ? On ne sait pas ! Il ne reste que la relation avec sa demi-sœur qui est touchante, mais là encore c'est à peine effleuré dans le film.

Bref, Miss Hokusai c'est une chronique de la vie ordinaire d'une femme qui essaie de s'émanciper dans un Japon paternaliste du début du début du XIXe siècle. C'est léger, avec des tentatives pour nous faire rire (le disciple comic relief) et nous émouvoir (la demi-sœur), mais ça manque de cohérence et au final on ne retient pas grand chose de tout ça. Keiichi Hara nous avait vraiment habitué à mieux auparavant, surtout avec Colorful qui est vraie petite perle de l'animation japonaise. Mais voilà, si on reconnait le style graphique de l'auteur, ça manque de profondeur et je finis pas me demander pourquoi il a voulu nous raconter tout ça ?