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Publié : 15 avr. 2022 20:47
Je ne connaissais absolument pas Andy Kaufman.lessthantod a écrit : ↑13 mars 2022 14:33Je viens de mater Man on the Moon ...
Comme beaucoup d'entre vous "j'imagine", je ne connaissais pas du tout ce Andy Kaufman, je n'en avais même jamais entendu parler. La seule chose que je savais de lui, avant de voir le film, c’est que c'était un comique iconoclaste, qui pratiquait un humour absurde et surréaliste. Mais même après avoir vu le film, Andy Kaufman reste un mystère pour moi (peut-être même l'était-il pour lui-même), ne sachant jamais vraiment quand il était sérieux ou quand il ne l'était pas. Toute la vie d'Andy Kaufman est une énigme et c’est ça le sujet du film.
Man on the Moon n'essaie pas de comprendre Andy Kaufman, à peine essaie-t-il de cerner le personnage sur scène. Le film nous offre très peu d'explication, pas ou peu de mise en contexte. Sa seule motivation en tant qu'artiste, c'était de susciter des émotions, toutes sortes d'émotions, le rire, le malaise, la colère. L'important pour lui c'était d'être là où on ne l'attendait pas, de faire rire sans vouloir, ni même essayer, d'être drôle.
En fait, le film est aussi alambiqué que le personnage dont il traite. On passe d'un bref flashback sur l’enfance d’Andy, à une autre séquence 20 ans plus tard avec Andy sur scène. On ne le voit quasiment jamais en dehors de la scène et même en dehors de la scène, il semble être toujours en représentation. À cet égard, le film est un succès, parce qu’il capture joliment un homme dont il a dû être difficile de rire de lui, simplement parce qu’il semblait être plus dans l'objectif de déstabiliser son public que de le faire rire. Fort de ce film, j’aime beaucoup son style, mais je suis surpris qu’il soit devenu si célèbre, alors qu’il était tellement en dehors des clous.
C’est simple, il n’y avait pas de vrai Andy Kaufman. Il était socialement inepte, à la fois brillant, étrange et distant. Son sens de l’humour (s’il en avait un) n’était pas pour tout le monde. Alors pourquoi un film devrait-il gâcher le mystère ? Man on the Moon est à voir comme un hommage à Andy Kaufman le personnage sur scène, ce n'est pas un biopic classique qui essaie de retracer sa vie ou d’expliquer pourquoi il était si brillant. Il est de notoriété publique que d'expliquer une blague, ne la rend pas plus drôle (une notion avec laquelle Andy Kaufman semblait beaucoup jouer avec).
Le film ne fait peut-être pas assez pour ceux qui en savent beaucoup sur la carrière d'Andy Kaufman, tout simplement parce qu’il ne met rien en lumière et ne montre que quelques moments clés de sa carrière. Le film semble nous dire "regardez, nous n'en savons pas plus que vous" et même quand le film est terminé, nous ne sommes même pas sûr qu'Andy Kaufman soit mort ou non pour de vrai.
Jim Carrey est brillant dans le rôle d'Andy Kaufman. Pour certains, sa performance se rapproche du mimétisme, de la pure imitation, mais pour moi c'est trop vouloir simplifier (voir rabaisser) sa performance. Alors bien sûr que Jim Carrey a observé Andy Kaufman pendant des dizaines, que dis-je, des centaines d'heures et qu'il réutilise les nombreuses bizarreries qui faisaient sa marque de fabrique, mais son observation va bien au-delà de ce dont tout autre acteur est capable. Jim Carrey EST Andy Kaufman, il en capte l'essence même.
Malgré l’absence de nominations aux Oscars, Jim Carrey aurait mérité dix statuettes à lui tout seul. Sa performance est exceptionnelle, capturant les routines de Kaufman et nous offrant plusieurs moments de tendresses. Danny DeVito est parfait en agent de l'artiste qui essaie de raisonner Andy Kaufman, tout comme Paul Giamatti en tant que camarade de jeu. L'histoire d'amour est plus faible, mais n’est pas aussi mauvaise que je le craignais. Courtney Love qui joue sa petite amie, semble être plus en retrait. On en sait trop peu sur elle et bien que sa performance soit très bonne (comme dans Larry Flynt), toujours est-il que c'est l'aspect le plus faible du film. Les apparitions d’autres personnes jouant leur propres rôles sont excellentes et ajoutent de la véracité au film, en particulier le catcheur Jerry Lawler, tout le casting de Taxi (y compris Christopher Lloyd) et plusieurs autres célébrités de l'époque comme David Letterman.
J'ai beaucoup aimé Man on the Moon, mais c'est peut-être en partie parce que je savais si peu de choses sur Andy Kaufman. Pour ceux qui connaissaient le personnage, le film n’apporte peut-être pas assez d'éclaircissements sur sa vie, mais même dans ce cas, le film est touchant et drôle, principalement grâce à une grande performance de Jim Carrey. Pour moi, Man on The Moon est bien plus qu'une curiosité, un film magique, drôle, merveilleux et le plus bel hommage à un homme brillant.
J'ai donc regardé Man of the Moon avec un œil totalement vierge.
J'ai ainsi découvert cette très belle histoire d'amour, car impossible, entre deux êtres que tout sépare, l'un étant un éternel enfant qui n'a jamais accepté la médiocrité du monde qui l'entoure, des codes du spectacle et des faux semblants, au point de toujours pousser plus loin la mise en scène et le canular pour mieux briser les conventions et déstabiliser le public, l'autre étant précisément ce public trop habitué au spectacle formaté qui ne saisit pas toujours l'ironie cinglante des mises en scène de ce provocateur qui ne brise pas seulement le quatrième mur mais aussi le sol et le plafond, les fenêtres et les fondations.
Le fait que cette histoire se déroule dans le milieu du chobizenesse tout en étant exposée dans flim met en exergue la dimension méta des œuvres du personnage, en la plaçant dans un registre tragi-comique, surtout quand on ne sait plus démêler le vrai du faux.
J'ignore si le flim est fidèle à la réalité. Peu importe. Ce projet artistique permanent, cette fuite en avant peuvent être malaisants au début - c'est clairement le but - puis au fil du flim on comprend la logique du bonhomme, on comprend le bonhomme lui-même, et c'est fabuleux. Il m'a fait penser à Didier Super envoyant chier son public, se moquant des gens enfermés dans les réflexes formatés des spectacles habituels, en plus perché.
Le Andy Kaufman du flim m'a semblé être un grand enfant, et ce n'est pas pour le dénigrer, au contraire, il a conservé la volonté de s'amuser, avec tout, et avec une intransigeance admirable mêlée des joies mauvaises de sales gosses trop heureux d'avoir fait de sales blagues, tout en tournant en dérision les coutumes du monde du spectacle.
Et à la fin, cerise sur le gâteau : comprendre la chanson de R.E.M. utilisée pour la générique.
Je serais curieux d'en apprendre plus sur le véritable Andy Kaufman.