Taipei (Windows 3.1, 1990)
Type de jeu
Complot secret visant à faire croire au monde entier que le Mahjong n’a jamais existé que sous cette forme. Les autres, y compris le vrai jeu de plateau séculaire, n’en seraient que des pâles copies, ou des illusions.
Premier contact
Non mais sérieux ! Quelle enfance on aurait eu si les célèbres jeux inclus à Windows n’avaient pas existé ? Vous auriez aimé la vie, vous, sans les Solitaire, Démineur, Free Cell et autres ? Moi, beaucoup moins ! Mais oui, j’exagère, allez allez, évidemment que j’en rajoute (ou peut-être que non ?). N’empêche, ces petits logiciels renferment une part non négligeable de nostalgie que j’entretiens trop rarement. J’y jouais chez mon père, sur ses vieux ordis antérieurs à Windows 95. Jamais je n’ai vu ces trucs tourner chez ma mère, chez qui il n’y a pas eu d’ordi antérieur à Windows 95, ceci explique peut-être cela. Et si j’ai eu ma période d’addiction pour chacun de ces softwares, aucun n’a égalé le Taipei en termes d’obsession. Ce truc m’a diverti vingt fois plus que les trois autres réunis. J’ai continué à m’amuser dessus bien des années plus tard sur les Windows plus récents, allant même jusqu’à télécharger une appli sur mon téléphone pour passer le temps dans le train ! C’est en partie grâce au Taipei que le Mahjong (le vrai) me fascine autant. Et oui je sais, les deux n’ont rien à voir ! Là, tout de suite, je me rends compte que ce jeu m’a accompagné depuis largement plus longtemps que n’importe quel autre au cours de mon existence. Plus que Diablo II, plus que Heroes III. Et ça risque de durer. Ouah, cet auto mind blown, bordel.
Retour sur expérience
J’ai connu ce jeu sous le nom Taipei, mais il a également existé en tant que Mahjong Solitaire, Mahjong Titans et Microsoft Mahjong, ainsi qu’un millier d’autres versions plus ou moins immondes, développées par mille studios différents. Alors, juste pour clarifier tout de suite, aucun de ces machins ne peut prétendre au titre de vrai Mahjong ! Le vrai Mahjong, ça se joue depuis des siècles en Chine et au Japon principalement, en général à quatre, et il faut faire des combinaisons, un peu comme au rami. Pas sur ordi donc, a priori. Du moins à la base, car aujourd’hui on peut aussi trouver des sites en ligne pour se faire éclater par des inconnus. Le Taipei, ça consiste à cliquer sur deux tuiles identiques pour les faire disparaître du plateau, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une seule. Il existe trois couleurs de tuiles (bambous, caractères et cercles), se déclinant du chiffre 1 au chiffre 9, plus trois tuiles de dragons et quatre tuiles de vents. Toutes ces pièces existent en quatre exemplaires, sans oublier les quatre fleurs et quatre saisons, uniques celles-ci. Pour qu’une pièce puisse disparaître avec l’une de ses jumelles, il faut qu’elle soit “libre”, à savoir ne pas se trouver sous une autre, ni entravée à sa gauche ET à sa droite par d’autres tuiles. Pendant très longtemps, je n’ai connu que la configuration dite de la “tortue”, dans laquelle les pièces s’empilent les unes sur les autres pour former une sorte de pyramide (ou de tortue, manifestement). Je m’en contentais bien assez, j’ai toujours trouvé superflu d’avoir inventé de nouvelles structures dans les jeux plus récents. Il existait déjà une infinité de niveaux rien qu’avec la tortue. On perd quand on se retrouve dans l’incapacité de faire disparaître plus de tuiles, alors qu’il en reste encore sur le plateau. Ça arrive assez souvent d’ailleurs, si on ne fait pas gaffe à libérer les bonnes tuiles au bon moment. Comme il en existe quatre identiques de chaque type, virer les deux mauvaises peut amener à se bloquer pour la suite. Mais à moins de posséder les capacités cognitives de dix Rain Man, impossible de le savoir à l’avance. J’imagine qu’une sorte de schéma réflexif existe pour déterminer quelle tuile on peut faire disparaître sans danger, mais vlà l’algorithme de fou qu’il faut se farcir (à mon avis). Perso, j’y allais toujours à l’arrache, pour me divertir et surtout pas pour me faire des courbatures au cervelet.
Flashback spécial ambiance
Dès la version 4.0 ou 5.0, je crois que le plateau se parait d’une image, histoire de briser un peu la monotonie. Euh, perso je trouve ça ultra cheum, qui a eu cette idée à la con ? Surtout avec des “photos” en 16 couleurs immondes et ultra pixellisées. On ne distingue plus rien, on a les yeux qui brûlent, et au final on perd une partie sur deux. Ah, mais c’est ça le but ? Nous empêcher de gagner trop souvent ? Non, je préfère largement le fond vert, qui fait très tapis de jeu classique avec une petite vibe de poker bienvenue. Les jeux de Mahjong solitaire plus récents ont fait de gros efforts pour tenter de se créer une atmosphère propre. Ça part un peu dans tous les sens parfois, avec des pseudo scénarios d’aventure, de temples secrets à découvrir et de royaumes célestes à explorer. Les tuiles se parent de textures reflétant divers matériaux, comme la pierre ou le bois. J’ai aussi vu des versions qui prennent des libertés avec les règles, ajoutant par exemple des tuiles inédites qui filent des bonus. Bon, vous avez le mérite d’y aller à fond, les gars. Bravo à vous, mais c’est juste un Mahjong solitaire, hein. Redescendez de votre piédestal, ou de votre pyramide, enfin de tortue. Moi, j’adorais juste la tronche des tuiles. Elles m’ont toujours fasciné, ces tuiles. En plus, j’ai appris à jouer au vrai Mahjong à peu près à la même époque, chez les amis de mon père qui avaient aussi Theme Park sur leur ordi. Double baffe mystique dans ma tronche ! Depuis, cette attirance pour les vents, dragons, cercles, caractères, bambous et autres fleurs ou saisons ne m’a jamais quitté.
Réécoute de la bande-son
Bon, je vais faire court, puisque la version que j’ai connue gamin ne jouait aucune musique, ni aucun son. Comme les autres jeux du lot, d’ailleurs, si je me souviens bien. Vraiment dommage, j’aurais bien aimé une compo bien relaxante pour accompagner mes parties. Enfin relaxante pour du Windows 3.1, donc quand même assez affreuse, j’imagine. Mais charmante à sa façon, quoi. Les jeux plus récents ont droit à un thème musical, eux ! Voire même une OST complète. La chance.
Moment Nostalgie
Meilleur souvenir : l’année dernière, en train de jouer sur mon téléphone dans un train ultra blindé et puant pour aller au taf, un jour pluvieux de novembre et après une énorme embrouille avec ma meuf. J’ai perdu cinq parties de suite, en plus. Nan je déconne. Personne n’a rigolé ? Pas grave, ça m’arrive souvent. Non, ça se passe évidemment sur le vieux 486 du papa, quand j’en avais marre de terminer Psycho Fox en boucle sur Master System (ou me faire éclater sur Bomber Raid). Le padre jouait surtout au Solitaire ou au Free Cell, mais on se marrait quand même aussi sur le Taipei, pendant des sessions d’un quart d’heure deux ou trois fois par jour (oui parce qu’on en a vite marre quand même). Je me revois, dans sa baraque toute fissurée de la Ferté-Bernard, avec le CD d’Atom Heart Mother de Pink Floyd qui tourne dans sa grosse chaîne Hi-Fi toute neuve, les dizaines de petites bagnoles Matchbox que je n’ai pas encore rangées dans leur caisse, parce que je retournerai jouer avec dès que j’aurai réussi à gagner une partie de Taipei… OK, pas celle-là. Pas la suivante non plus. Toujours pas celle d’après… OH ! Ça commence à me gaver, là ! C’est la fleur CHRYS que je peux virer avec PLUM, ou c’est avec MUM ? Et la saison AUT, je l’enlève avec SUM ou WIN ? Et pourquoi le dragon blanc c’est juste un carré noir ? Pourquoi le 1 de bambou, c’est un gros oiseau et pas… du bambou quoi ? Ça n’a aucun seeennnns ! Mais je les kiffe trop ces tuiles.
Instant le plus stylé
Se lancer dans une partie, faire disparaître les tuiles à la pelle, de plus en plus certain de gagner à la fin. Perdre au tout dernier moment, ne laissant au milieu du plateau que deux pièces identiques empilées l’une sur l’autre.
