Gauntlet II (Atari ST, 1988)
Type de jeu
Suite interminable de labyrinthes, qui s’enchaînent jusqu’à nous faire sombrer dans la folie.
Premier contact
Quand j’y repense, les journées devaient bien durer une quarantaine d’heures, au début des nineties. Chez mon super pote de primaire, on avait le temps de faire la guerre avec ses G.I. Joe dans son jardin, faire la guerre avec ses G.I. Joe dans sa chambre, prendre trois goûters, boucher ses toilettes en jetant des carottes dedans, et EN PLUS tester vingt jeux différents sur son Atari STE. Parmi eux, sans doute notre préféré : Gauntlet II, qui nous a accompagnés (et terrorisés) jusqu’à l’avènement des ordis plus modernes.
Retour sur expérience
Le concept reste plutôt basique, mais diablement efficace : on incarne un(e) vaillant(e) combattant(e) vu de dessus, selon une perspective un peu isométrique (depuis lors, je chérirai ce point de vue plus que tout au monde, de Secret of Mana à Diablo II). Ce barbare, mage, valkyrie ou elfe donc, canarde des hordes de monstres à travers des niveaux de plus en plus alambiqués, et de plus en plus surpeuplés de méchantes créatures. Les clés à trouver pour passer au stage suivant nous arrachent parfois beaucoup de cheveux. Parfois, on se prend des rangées de murs invisibles dans la tronche. À d’autres moments, de fausses cases “sortie” essaient de nous tromper. Et puis il y a les parois magiques qui nous causent des dégâts, les portes à ouvrir pour débloquer une partie d’un niveau... Du peu que je me souviens, je n’ai jamais réussi à savoir ce qui différenciait les quatre classes de personnages que l’on pouvait incarner (tout le monde lance ses projectiles comme il peut, quoi). Par contre, les ennemis se déclinent en tout plein de machins bigarrés, et on ramasse des tas de trésors à ne plus savoir où les stocker (mais on s’en fout, des milliers de pièces d’or, ça n’a jamais pris de place dans aucun jeu vidéo). La panoplie idéale pour tout pilleur de tombeaux qui se respecte. Car c'est bien ça qu'on fait, non ? Piller des tombeaux, envahir des cavernes, emmerder la faune locale. Tu m’étonnes que les monstres veuillent nous bouffer, en fait. Si ça se trouve, on souille des zones Natura 2000 avec nos gros sabots, et personne ne nous a prévenus.
Flashback spécial ambiance
Gauntlet II rime à 100% avec heroic fantasy pure ! Mais celle des années 80, quoi. De grosses brutasses en mode Golden Axe (deux hommes et deux femmes si on considère l’elfe comme une meuf ; des grands féministes chez Atari) qui massacrent des centaines de bestioles par minute, sans le moindre besoin de suivi psychologique derrière ! Rien de franchement subtil, mais quand on a sept ou huit ans, on se fout du scénar ou des éventuelles névroses qui taraudent les barbares qu’on envoie au charbon. Bon, nous on avait un peu peur quand même, surtout des monstres qu'on appelait Les Morts. Des spectres noirs presque invincibles et aussi rapides que nos avatars. De quoi nous donner des cauchemars jusqu'à notre majorité. Et puis, quand on tombait sur un dragon (qui prenait huit cases au lieu d’une seule comme tous les autres ennemis), on crevait aussi bien dans le jeu que dans la vie réelle.
Réécoute de la bande-son
Euh, pas grand chose à dire sur la B.O., puisqu’elle n’existe pas. À peine trente secondes d’une musique d’intro, et rien d’autre ! Dommage, car ça aurait pu ajouter une petite touche d'épique et de danger, pour rendre ce jeu encore plus légendaire. Au moins, dans Gauntlet IV sur Mega Drive, on a eu droit à des compos dignes de ce nom. Enfin, il reste toujours les effets sonores, pas toujours géniaux sur Atari ST, mais tout de même un peu sympas dans leur propension à détruire les tympans. Surtout le crissement ignoble d’une Mort dès qu'elle touche un joueur. Celui-là fait plus de dégâts que tous les autres réunis, autant dans les oreilles que dans notre intégrité physique et notre santé mentale.
Gauntlet II - Intro
Moment Nostalgie
Dans ce jeu, on peut ferrailler à deux en équipe sur le même écran (même trois et quatre comme sur Arcade, mais on n’a jamais testé). Pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui, tant qu'on ne mourait pas durant la même seconde, notre combattant ressuscitait sans fin. Vu la difficulté en constante augmentation tout du long, les développeurs ont eu une bonne idée en ajoutant cette feature. Cela rendait le mode un joueur complètement injuste, mais bon, on ne jouait qu’à deux, alors… Avec mon pote, on se marrait tout le temps quand l’un d’entre nous périssait, car ça affichait une phrase en anglais : “Conjuring a Character”. On la prononçait en français, comme si character était verbe du premier groupe, et que notre perso s’appelait "Conjuring" (du coup, tout le monde avait le même nom là-dedans, pratique). On n’avait aucune idée de ce que ça pouvait signifier, mais, ça nous faisait pareil quand on lisait “et la bobinette cherrera” du Petit Chaperon Rouge. Alors bon, on trouvait ça normal quand même. Et on se regardait en répétant la phrase dans un sourire crispé, pour se donner des airs alors qu’on crevait de trouille.
Instant le plus stylé
Sinon, je vous ai déjà parlé de La Mort? La nemesis suprême ? Maintenant, prenons trois secondes pour imaginer notre détresse quand on a débarqué dans un niveau UNIQUEMENT REMPLI DE MORTS !!! On a hurlé, débranché l'ordi et coupé le courant de toute la maison direct.
Instant le plus stylé
Sinon, je vous ai déjà parlé de La Mort? La nemesis suprême ? Maintenant, prenons trois secondes pour imaginer notre détresse quand on a débarqué dans un niveau UNIQUEMENT REMPLI DE MORTS !!! On a hurlé, débranché l'ordi et coupé le courant de toute la maison direct.
