Ici c'est Techno/House/Electro. En fait peu importe l'étiquette du moment que ça tabasse, que ça souffle à la fois le chaud et le froid.
On va commencer par un peu d'histoire…
Detroit : la base !
Jusque dans les années 50, la ville de Detroit, dans le Michigan, est connue pour être l’incarnation du rêve Américain. L’économie est au top, les usines tournent à plein régime et General Motors règne en maître. Musicalement, la ville est connue dans le monde entier à travers le label Motown qui compte parmi ses rangs les Jackson Five, Marvin Gay, The Temptations, Steve Wonder, Diana Ross & The Supremes etc. C’est la crème de la crème de la soul, du funk et du jazz qui baigne dans cet environnement.
Detroit, aka Motor City, est à son firmament persuadée que son destin resterait inchangé.
Entre temps une récession vient faire voler en éclat une ville que rien ne semblait arrêter. La crise pétrolière viendra durement impacter la production automobile. Rapidement, tout un pan de la population se retrouve sur le carreau avec du mal à joindre les deux bouts. La ville est encore un peu plus meurtrie en son sein à la fin des 60's de par l'explosion d'émeutes raciales sanglantes. La garde nationale est dépêchée sur place et ne fait pas dans le détail : elle ouvre le feu. Ces événements n'ont pas manqué de marquer les jeunes esprits qui ne comprennent pas tout ce qui se passe mais en mesure la portée. Dans ce contexte, les plus aisés ont préféré tailler la route pour les suburbs paisibles et cosy.
Nous sommes maintenant au début des 80's, Detroit « la superbe » n'en pas plus les attributs. Les grands centres commerciaux et les grandes industries ont fermé. La crise économique n’est jamais vraiment partie et continue de frapper la Rust Belt. General Motors et Ford ont fermé boutique sur place, des milliers de chômeurs se retrouvent dans le cercle vicieux de la précarité, l’alcoolisme et la drogue font des ravages. Les lendemains meilleurs ont des jours d'hier : Motor City est devenue la ville la plus violente des USA avec des taux de criminalité et d’homicide record. Ça saigne Downtown dans les guerres continuelles de territoire des gangs.
Beauty in decay <3
Un gars à la radio passe des sons jamais entendus avant. Il s’appelle Electrifying Mojo et il défouraille les ondes avec pur génie. Il envoie du Kraftwerk et autre musique expérimentale européenne entrecoupées de Prince et de Mickael Jackson. Mojo distille un savant mélange de sons sans se soucier des origines raciales, seuls la qualité et le groove comptent, pas la couleur de la peau. De la soul, du rock, de la new wave etc. Tout y passe. Les gosses deviennent fous. L'un d'eux, Juan Atkins, marquera l’histoire a jamais.
Juan Atkins en sera marqué à vif comme toute une génération de musicien à Detroit. Tous parleront de Mojo comme un guide, un phare, un déclencheur, un visionnaire. Le jeune Juan rêve d'un autre monde (comme Mojo) que celui qui s'offre à lui. Cette réalité il veut la transformer, il rêve d'espace, d'infini. Porté par son imaginaire et du matos rudimentaire, il accouchera du morceau qui marquera une nouvelle ère : Techno City. La techno était née sans même le savoir en 1984.
Techno City - 1984 :
Mais revenons à nos moutons...
Juan est au collège et partage rapidement ses expérimentations avec deux de ses potes, Kevin et Derrick.
La sainte trinité Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May posera les fondations du genre, et n'ayons pas peur des mots, d'une révolution !
Je vous la fais rapide, on résume souvent les trois lascars de cette manière :
Juan Atkins, the originator : il a eu l’illumination et a lancé son label avec abnégation, porté par sa foi dans l’inconnu.
Kevin, the elevator : c’est simple, il a la gouache et pond bombe sur bombe. Il propulse Detroit en Europe.
Derrick, the innovator : il explore un peu plus les recoins et pousse les frontières dans la dimension émotionnelle. Un pur sale con à l’égo démesuré mais talentueux.