Breaker's (Neo.Geo)

kurush
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Breaker's (Neo.Geo)

Message par kurush »

Breaker’s (Neo Geo) 22.10.22

Le titre de Visco a connu un développement assez long et tumultueux, démarré en 1993 : présenté lors du salon AM Show de 1994 au format MVS sous l’appellation « Tenrin no Shou – Chicago », il a ensuite pris le nom de « Crystal Legacy » (des vidéos du prototype ont d’ailleurs été récemment mises en ligne sur le net) pour finalement sortir sous le nom de « Breaker’s » fin 1996/début 1997 sur MVS, AES et Neo Geo CD. Une version 1.5 apportant quelques correctifs verra le jour en 1998 au format MVS uniquement : « Breaker’s Revenge ».

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L’intro pêchue plonge directement dans le bain : bien réalisée et très dynamique, elle présente brièvement les belligérants. Le scénario repompe dans les grandes lignes celui de Street Fighter : des combattants venus des 4 coins du monde se réunissent tous les ans pour participer au FIST, le « Fighting Instinct Severe Tournament », dans le but de se mesurer à Bai-Hu, l’organisateur du tournoi et accessoirement le grand méchant du jeu, un être maléfique possédé par un démon puissant qui puise l’énergie vitale de ses adversaires…

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Le menu options est réduit à la portion congrue : réglage du niveau de difficulté, vitesse du timer, paramétrage du nombre de rounds en solo ou en versus, et configuration des boutons !

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Premier constat, le roster est dans la moyenne basse du genre pour l’époque avec seulement 8 persos jouables (Bai-Hu ne pouvant être débloqué que sur Neo CD). Ces derniers sont d’ailleurs kitsch à souhait et s’inspirent éhontément de ceux du hit de Capcom. Jugez plutôt :

- Sho, le shoto de base, aka Ryu (il reprend même son hadouken) et le perso idéal pour débuter.
- Pierre (pardon « Pielle »), un escrimeur français ridicule qui finira par se faire naturaliser italien dans « Breaker’s Revenge ». Assez déstabilisant à affronter, il ponctue tous ses coups spéciaux de termes français complètement à côté de la plaque : « Bonjour », « Merushii Un Deux Trois », etc.
- Condor, un amérindien très puissant et qui encaisse bien les coups. Mix improbable de T. Hawk et Zangief, c’est LE chopeur du jeu (avec 6 ou 7 projections différentes) mais aussi et surtout le perso plus craqué sans doute… Son Tomahawk Jack vous sortira de situations compliquées !
- Rila, l’un des rares persos à charge du jeu. Femme sauvage à la chevelure ébouriffée vivant dans la forêt amazonienne… Vous aurez bien entendu reconnu Blanka !
- Tia, un clone de Chun-Li dont la plastique évoque celle de Mai. Elle participe au tournoi pour retrouver son frère, qui avait subitement disparu après avoir participé à l’édition précédente. Pour rappel, Chun-Li enquêtait sur l’organisation criminelle Shadaloo et participait au tournoi pour affronter Bison, responsable du meurtre de son père… Visco s’est donc même permis de repomper le background de certains persos !
- Alsion III, la momie d’un pharaon égyptien, dont les membres sont extensibles, comme un certain Dhalsim..
- Maherl, un sheikh se jouant comme un shoto mais dont de nombreux coups évoquent ceux de E. Honda.
- Lee Dao-Long, le second perso à charge de Breaker’s, une espèce d’hybride entre Kim Kaphwan pour les coups de pied et Guile pour les coups spéciaux, dont un anti-air très proche du Somersault Kick.

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On se demande vraiment comment Visco a réussi à passer au travers des mailles du filet et éviter un procès de la part de Capcom, qui n’avait pas été aussi indulgent avec Data East et son Fighter’s History…

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Le chara design se révèle donc ringard, typique du début des années 1990. Il n’est pas dénué d’intérêt pour autant, les développeurs ayant joué la caricature à fond ! Les sprites sont ultra fluides à l’écran, avec des animations parfaitement décomposées. Dommage que les décors soient aussi dépouillés, malgré quelques rares éléments animés à l’arrière-plan… Fort heureusement, la débauche d’effets visuels en tous genres (notamment lors des furies et des KO) rattrape la relative pauvreté des graphismes…

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Le gameplay reprend celui de la plupart des jeux de baston sur la console de SNK, les 4 boutons étant mis à contribution : poing faible, pied faible, poing fort, pied fort. En appuyant sur Start, il est possible de faire un taunt, qui ne sert strictement à rien… Sauf à mettre le seum à votre adversaire ! Le dash et le backdash sont également de la partie. La faiblesse du roster est compensée par pas moins de 5-6 coups spéciaux par personnage (dont de nombreux anti-air) et plusieurs furies (2 à 4 en moyenne), les « Super Moves ». En effet, vous disposez d’une Power Gauge (visible en vas de l’écran) qui se remplit au fur et à mesure que vous portez des coups à votre adversaire. Cette jauge possède 3 niveaux, permettant ainsi de déclencher jusqu’à 3 Super Moves. Si elle est totalement remplie, l’inscription « Maximum » apparait et votre perso devient alors plus puissant.

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Breaker’s s’avère extrêmement tolérant en termes d’inputs, vous allez enchainer les combos avec une facilité déconcertante, à mille lieux d’un KoF ou d’un MOTW ! Les coups faibles ne sont pas à dénigrer car ils servent de links pour rallonger vos combos… A vous les 10 à 20-hit combos, au sol ou dans les airs !!! Le Breakering System apporte du piment au partie puisqu’il est possible d’annuler un coup spécial avec un autre… Voire même de contrer la furie adverse avec la vôtre (le timing est assez serré) ! Signalons aussi la possibilité de casser la garde basse avec certains coups. Ou bien encore des stuns particulièrement longs et punitifs, l’idéal pour placer un combo dévastateur alors que votre adversaire est encore étourdi ! En un rien de temps, vous réaliserez de véritables chorégraphies et pourrez vous prendre pour un roi du VS Fighting !

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Côté bande-son, mon avis est mitigé. Les musiques s’avèrent entrainantes avec certains thèmes épiques mais globalement elles sont trop courtes et surtout vraiment peu marquantes, insipides en somme... Le constat est meilleur s’agissant des bruitages, percutants et impactants. Vous aurez vraiment la sensation de faire mal à vos adversaires en leur collant de grosses mandales ! Les digit vocales sont globalement de bonne qualité, mais certaines voix présentent un aspect étouffé assez étrange, celle de Pielle typiquement… Ce qui accentue l’aspect ridicule du personnage en fin de compte !

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Pour conclure, Breaker’s constitue un très bon jeu de baston qui procure un fun immédiat, grâce à son accessibilité et sa prise en main quasi instantanée. C’est le candidat idéal pour vos soirées jeux de baston entre potes, pour des heures et des heures de plaisir et des barres de rire ! D’ailleurs, ce n’est pas un hasard s’il s’agissait sans aucun doute du titre qui tournait le plus lors des cross NGF à la belle époque, et ce jusqu’au bout de la nuit... Plus profond qu’il n’y parait au premier abord, il offre une courbe de progression assez folle et vous vous surprendrez à découvrir fréquemment de nouveaux combos, juggles ou counters. En toute objectivité, on pourra lui reprocher un roster un peu trop restreint, un match-up pas toujours équilibré, un manque d’originalité évident et des décors sommaires… Mais Breaker’s reste une valeur sûre et une sacrée réussite à la durée de vie quasi inépuisable en multi, le Street Fighter de la Neo Geo en somme !

Bien content d’avoir mis la main sur une version AES near mint que je cherchais depuis belle lurette. Sa cote actuelle oscille entre 3 et 5k€, j’ai payé mon exemplaire dans le haut de la fourchette auprès d’un collectionneur étranger… La version Neo CD commence à piquer (bien moins que sur AES cela dit !) mais elle propose des ajouts intéressants (modes survival, versus, extra, musiques CD, possibilité de débloquer Bai-Hu). Oubliez la version Dreamcast, finie à l’eau de boudin. Elle tourne grâce à un émulateur mais n’est absolument pas optimisée, rendant le jeu lent et saccadé !

Finalement, version MVS de Breaker’s mise à part, le meilleur rapport qualité-prix est peut-être à chercher du côté de Breaker’s Revenge, même si je suis moins fan de la nouvelle orientation graphique (des tons moins flashy et kitsch rendant l’atmosphère plus dark mais surtout beaucoup plus sage et convenue). Outre le nouveau perso, Saizo (un ninja complètement craqué qui déséquilibre encore plus le match-up général) et le stage qui lui est associé, cette nouvelle mouture apporte quelques ajouts, comme la possibilité de jouer le boss, de régler le handicap en versus, etc. Une convert tourne autour de 150-250€ maximum mais pour les plus motivés, la nouvelle édition PixelHeart Limited est encore disponible sur leur site pour 400€. Sur les 300 exemplaires numérotés, il en reste encore 182 en stock, preuve que cette sortie ‘’officielle’’ au format AES n’a pour le moment pas rencontré le succès escompté…

https://www.pixelheart.eu/fr/produit/br ... aes-jap-2/

Ma note : 16.5/20

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A l’ère des jeux de baston en 3D, Breaker’s avait été totalement relégué au second plan par la presse vidéoludique. En fouinant sur le net, je n’ai trouvé que cette preview publiée dans Joypad #64 (Février 1997) :

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Killvan
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Breaker's (Neo.Geo)

Message par Killvan »

Très bon article, merci !
Fly, Aiolia, Secret of Mana et la GBA, c'est plus fort que toi !

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ldindon
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Message par ldindon »

C’est un jeu trop méconnu mais à essayer absolument. On s’éclate dès les premières minutes !

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