
Sorti en 2016 et réalisé par Pablo Larraín, Jackie est un biopic sur l'épouse du président américain John F. Kennedy. Le film se concentre sur un moment très précis de la vie de Jackie Kennedy, à savoir l'assassinat de son époux. C'est un film intimiste où la caméra se place dans au niveau de Jackie Kennedy, de son point de vue, pour voir comment elle a géré cette crise. Le réalisateur chilien est coutumier des biopics, il s'en ait même fait une spécialité. Ainsi, Jackie est le premier film d'une trilogie sur les portraits de femmes célèbres du XXème siècles, après Spencer (2021) sur Diana Spencer (aka Lady Di) et Maria (2024) sur Maria Callas. Avec Jackie, Pablo Larraín dresse le portrait d'une femme qui parvient malgré tout à garder la tête haute et à garder son sang-froid, alors qu'elle vient tout juste de perdre son mari.
Jackie raconte la vie de Jackie Kennedy (Natalie Portman) dans les jours qui ont suivis l'assassinat de son mari John F. Kennedy (Caspar Phillipson) le 22 novembre 1963. Jackie se révèle être un personnage mystérieux et très soucieuse de protéger sa vie privée. Femme très discrète, on ne sait pas grand chose d'elle. C'est du pain béni pour Pablo Larraín, puisque ça lui a permis de prendre pas mal de liberté avec la réalité, dans ses moments les plus intimes. Son statut d'icone n'est basée que sur une image qu'on se fait d'elle, à la fois élégante, gracieuse et digne de son défunt mari. On parle encore du style iconique de Jackie Kennedy, emblème du style BCBG.
Le film essaye alors de gratter le verni apparent, pour comprendre la personne humaine qui se cache derrière l'icone. La scène qui en dit le plus sur elle, c'est lorsqu'on la voie quelques heures après l'assassinat, toujours vêtue du fameux costume rose vif et qu'elle s'essuie le visage du sang de son mari. Mais alors que des vêtements de rechange l’attendaient, elle décide finalement de garder son costume recouvert de sang pour se tenir aux côté du nouveau président Lyndon B. Johnson qui prête serment devant les caméras. Le propos défendu ici est symbolique, elle veut marquer la mémoire des américains, pour faire en sorte que la mort de son mari ne soit pas une simple virgule dans l'histoire des Etats-Unis et pour l'hériter en symbole d'une Amérique qui tue son président en plein mandat, avant même qu'il puisse faire de grandes réformes.
Le film de Pablo Larraín est d'un réalisme confondant, on a réellement l'impression d'y être. Toute la reconstitution de cette époque, les costumes portés par Natalie Portman et surtout la préparation de l'actrice pour se transformer en Jackie est à saluer. Lorsqu'on regarde/écoute des interviews de l'époque avec la vraie Jackie, on remarque tout de suite sa voix fluette et nasillarde (limite agaçante), ses gestes lents et sa posture singulière. Dans le film, Natalie Portman parle très lentement, fait beaucoup de pauses et articule un peu trop, et ce qui pourrait paraitre artificiel à l'écran, ce n'est en fait qu'un travaille d'imitation ... et l'imitation est parfaite. Le film effectue aussi des flashbacks sur la vie de Jackie, avec la visite de la maison blanche reproduite à l'identique à l'écran, mais également des flashforward avec une interview prenant place quelques jours après l'assassinat.
Bref, le film vaut surtout pour la prestation de Natalie Portman, ainsi que pour la mise en scène très soignée et élégante de Pablo Larraín. Aprés, le film a un rythme étrange, assez plat, puisqu'il ne raconte finalement pas grand chose. N'espérez pas apprendre grand chose de plus sur les Kennedy, car ici il n'est pas question de mythes, d'histoire ou de complots. Non, ici il s'agit avant tout d'un drame humain et Pablo Larraín se concentre vraiment sur l'aspect psychologique d'une femme, sous le choc de l’horreur de l’assassinat public. On se rend compte en fait que Jackie Kennedy n'était pas la femme un peu cruche qu'on croyait, qu'elle était au contraire très intelligente, en tenant tête au camp Kennedy, en tenant tête à Lyndon B. Johnson et qu'elle a tout fait pour qu'on se souvienne encore aujourd'hui de son couple et de John F. Kennedy, alors que son investiture n'aura finalement duré qu'un an et demi. (6.5/10)