
Partir un jour est le premier film d'Amélie Bonnin, un film qui se présente comme une comédie musicale/dramatique/romantique. Mais pour moi, plus qu'une comédie musicale, c'est surtout et avant tout un vrai bon feel-good movie. Alors certes ça chante, mais c'est très peu, voire même pas du tout chorégraphié, comme dans d'autres comédies musicales. Non, ici les chants servent juste de dialogues entre les deux protagonistes. On se raconte des choses, mais en chantant, quoi ! Et mine de rien, ce que raconte le film, est bien plus profond qu'il n'y parait. Les personnages parlent du temps qui passe, de ce qu'ils sont devenus et se remémorent ce qu'ils ont été les uns pour les autres. C'est parfois drôle, parfois émouvant, avec un focus sur l'irréversibilité du présent et sur la nostalgie du passé.
Cécile Béguin (Juliette Armanet) est sur le point d'ouvrir son restaurant, elle qui est devenue l'une des grands chefs de la région parisienne après avoir remporter le concours Top Chef. Elle est de ce fait très stressée, d'autant plus stressée qu'elle découvre qu'elle est également enceinte. Et comme si ça ne suffisait pas, son père (François Rollin) vient de subir un troisième infarctus et qu'il refuse de prendre sa retraite, lui qui tient un petit relais routier qu'il possède avec son épouse (Dominique Blanc) depuis plus de quarante ans. Son petit ami Sofiane (Tewfik Jallab), qui ne sait pas qu'elle est enceinte de lui, la pousse alors à aller rendre visite à son père malade. Elle retourne donc dans le Loir et Cher (Michel Delpech n'est pas loin) et y retrouve ses copains d'enfances Heddy (Mhamed Arezki), Richard (Pierre-Antoine Billon) et surtout Raphaël (Bastien Bouillon). En se revoyant, Cécile et Raphaël se remémorent tous ces petits moments passés ensembles qui les rapprochent ... mais voilà, elle est enceinte et a un petit copain, alors que lui a une femme et un enfant.
A savoir que Partir un jour est un long métrage qui fait "suite" au court métrage du même nom disponible sur la chaîne YouTube ARTE Cinéma ...
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La BO du film puise allègrement dans le répertoire populaire des années 80/90, avec des titres comme "Le Loir-et-Cher" de Michel Delpech, "Cécile ma fille" de Claude Nougaro, "Paroles, paroles" de Dalida, pour se terminer par "Partir un jour" des 2Be3. Alors, ce n'est pas une comédie musicale à la Jacque Demy et ce n'est pas non plus On connaît la chanson d'Alain Resnais, on est quelque part entre les deux. En effet, l'aspect comédie musicale est réduit à son strict minimum ici (on retiendra surtout la chorégraphie de la scène dans la patinoire) et si le film utilise les paroles de chansons c'est surtout pour exprimer leurs pensées et sentiments. Et si les acteurs ne chantent pas toujours très juste, ça passe très bien parce que ça colle avec le réalisme de l'histoire.
Alors, Partir un jour c'est kitch et ça sent bon les années 80 et surtout, ça ne veut pas péter plus haut que son cul. C'est tendre, c'est amusant et c'est la promesse d'en ressortir avec le sourire au lèvres. François Rollin est très drôle (Le seigneur Loth n'est pas loin) et le couple Bastien Bouillon - Juliette Armanet est très attachant. Juliette Armanet plus particulièrement, est surprenante de justesse, aussi à l'aise dans le jeu que dans le chant ou la danse. Sa performance m'a rappelé celle de Renate Reinsve dans Julie en 12 Chapitres de Joachim Trier, dans son énergie, sa vitalité et sa joie de vivre communicative. Juliette Armanet c'est la grande révélation de ce film. Bref, Partir un jour, ça nous touche parce que ça raconte des brides de nos vis à nous, c'est juste beau et tendre (et drôle).