Sinon pour revenir sur bohemian, Rami Malek est effectivement très bon, même quand on connaît le vrai Freddie Bulsara sur le bout des doigts. Par contre j'ai trouvé le film très moyen, tout est survolé, lissé, il y avait beaucoup mieux à faire.
Dans le genre "biopic musical" , Ray va beaucoup plus loin et il est bien meilleur, même Walk the Line, et pourtant ce ne sont pas des chanteurs aussi sulfureux que Mercury.
Même Cloclo ou Gainsbourg vie héroïque dont bien meilleurs. J'ai trouvé aussi Bohemian Rhapsody très moyen, pour pas dire franchement mauvais. Je préfère écouter un concert de Queen...
Pas vu Cloclo, mais d'accord pour Gainsbourg.
Cloclo c'est pas un chef d'œuvre, mais je suis tombé dessus une fois par hasard (je ne suis pas fan du tout du personnage) et je m'attendais à un truc hagiographique parsemé de performances scéniques (à la Bohemian Rhapsody quoi) et j'ai été étonné de voir que le film ne faisait pas du tout de son personnage un "héros", montrant bien le personnage hyperactif, manipulateur, cynique, et génial aussi en un sens.
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Publié : 16 août 2021 00:07
par lessthantod
Gringos10 a écrit :
lessthantod a écrit :Le Samouraï c'est la perfection incarnée, un film culte et un chef-d'œuvre pour tous ceux qui l'ont vu.
+1
Rien à ajouter.
Un bijou. Tellement beau, tellement en avance.
J'ai fait un parallèle avec The Killer de John Woo parce que tout le monde fait le rapprochement entre les 2 films, mais là il y en a un autre qui me vient à l'esprit et qui je trouve copie encore plus Le Samurai ... c'est le film coréen A Bittersweet Life. Je l'avais adoré celui-là (vu au cinéma) et c'est clair que le réalisateur coréen a beaucoup trop regardé les films de Melville en grandissant, tellement le copier-coller est évident.
Mais vraiment, A Bittersweet Life est un magnifique hommage au Samurai de Melville et je te le conseille vraiment si tu ne l'as pas déjà vu.
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Publié : 16 août 2021 09:57
par Gringos10
Je l'ai vu à sa sortie bittersweet life, j'avais bien aimé, mais sans plus, je l'avais trouvé beau mais peu profond et sans génie dans la mise en scène, comme les autres films de ce réal qui me laisse de marbre comparé à certains de ses collègues coréens.
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Publié : 16 août 2021 10:59
par Gringos10
Sinon dans mon délire HK du moment je suis tombé sur ce film assez méconnu en France mais culte en Asie.
Attention, grosse claque !!
C'est une oeuvre noire, crépusculaire basée sur des faits divers du débuts des années 80, quand des Chinois, "les continentaux" comme ils étaient appelés, entraient clandestinement à Hong Kong, pour commettre des délits et revenir dans leur Canton assez riches pour échapper à leur condition d'extrême pauvreté. Le désespoir les rendait incontrôlables et très dangereux, le film utilisant des acteurs amateurs et un style à la limite du documentaire retranscrit superbement le misérabilisme chinois et la tentation capitaliste qui émanait de la région sous contrôle britannique à l'époque. Clinquante seulement en apparence, car ici l'enclave est montrée sous son côté sombre et désenchanté, le rêve de fortune revêtant un aspect inaccessible et voué à l'échec par une fin tragique.
Johnny mak que je ne connaissais pas avant ce film, mais qui semble jouir d'une jolie réputation , livre une oeuvre âpre, violente, sans concession, un véritable voyage au bout de l'enfer. Parsemé de scènes de gunfights nerveux et sanglants, mais jamais grand guignolesques, le réalisateur a su saisir la fougue, la perte d'innocence et la dangerosité extrême de ces personnages qu'on voit au début un peu débonnaires, sympathiques, auxquels on s'attache, devenir d'implacables semeurs de mort au fil de la traque suffocante qui va faire d'eux des rats pris au piège dans un engrenage qui se ressert sur eux au fil des minutes pour se terminer dans les ruelles labyrinthiques de la Citadelle de Kowloon, une cité angoissante et fascinante (qui était l'endroit le plus dense du monde avant sa destruction). L'autre grande découverte du film.
La citadelle de Kowloon,(qu'on peut aussi voir dans bloodsports)
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Publié : 16 août 2021 17:06
par lessthantod
Je viens de mater le Macbeth d'Orson Welles ...
Le pitch de Macbeth est "je crois" connu de tous ... dévoré d'ambition et bien poussé par son épouse Lady Macbeth, le général Macbeth commet le crime de régicide pour s'emparer du pouvoir, mais très vite la culpabilité et la paranoïa les font peu à peu sombrer tous les deux dans la folie.
Je ne suis pas un spécialiste des œuvres de William Shakespeare, mais Macbeth fait parti des deux ou trois œuvres du grand dramaturge anglais, dont j'ai déjà vu soit une version ciné, télévisuelle ou théâtrale. L'histoire de Macbeth ne m'était donc pas étrangère et fort heureusement pour moi, car Orson Welles ne fait aucun effort ici pour présenter les tenants et aboutissants du récit. Au contraire, il nous plonge directement dans le récit d'une contrée énigmatique, avec les trois sorcières sur une colline en forme de vague, au milieu d'un décor plongé dans le brouillard et au ciel nuageux pesant (les personnages sont souvent filmés en contreplongée avec le ciel qui occupe la moitié de l'écran), ce qui "je pense" va en dérouter plus d'un.
La direction artistique est très belle, bien renforcée par la beauté du noir & blanc. J'ai toujours aimé l'esthétique et le rendu du noir & blanc et là ça colle parfaitement aux décors en carton-pâte du film, bien que parfois certains décors splendides (la colline en forme de vague des trois sorcières et le grand escalier du château) succèdent à d'autres un peu trop vides (la forêt des landes et les grottes). La photographie et les jeux de lumières sont essentiels ici, car la plupart des scènes sont tournées en nocturne. D'ailleurs la seule scène diurne du film est franchement trop éclairée, ce qui jure un peu avec l'esthétique globale du film beaucoup plus sombre, c'est un peu dommage.
L'interprétation très théâtrale des acteurs est très réussie, celle d'Orson Welles en tête. Son visage est un véritable miroir des sentiments, bien renforcé par la voix off qu'il assure lui-même et qui traduit ses pensées. Et même Jeannette Nolan, alors actrice débutante qui interprète Lady Macbeth (rôle crucial), est vraiment impeccable dans son interprétation. J'ai cru comprendre que ce choix fut très critiqué, mais personnellement je la trouve très belle et très juste dans son phrasé. D'abord elle alimente les ambitions de son époux, puis elle l'accompagne dans sa folie. Mention spéciale pour le passage où elle est victime d’hallucinations et de somnambulisme, l'une des scènes les plus réussies du film selon moi. L'interprétation du couple Macbeth - Lady Macbeth est donc l'atout majeur du film. C'est cette dynamique du couple qui s'autoalimente mutuellement, qui est au centre des enjeux du récit.
Par contre, là où ça bloque un peu de mon point de vue, c'est sur l'accent écossais très, trop prononcé des dialogues. Je comprends le parti-pris, c'est même une très bonne idée, car ça leur donne un ton menaçant et bestial (bien aidé aussi par les costumes en peau de bête) ... mais voilà, on ne comprend pas la moitié des mots prononcés. Et c'est encore plus flagrant quand on compare avec le phrasé des deux ou trois personnages anglais, qui sont nettement plus audibles et plus agréables à suivre. C'est vraiment reposant et on peut alors profiter du spectacle sans être obnubilé par les sous-titres.
MacBeth est une franche réussite, pour sa direction artistique, pour son respect du texte et surtout pour l'interprétation des acteurs, en premier lieu du couple Orson Welles - Jeannette Nolan. Il fallait de la prestance et une passion dans le jeu sans la moindre équivoque, pour résister à l’ogre Welles et ce dont fait preuve Jeannette Nolan.
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Publié : 16 août 2021 17:07
par lessthantod
Gringos10 a écrit :La citadelle de Kowloon,(qu'on peut aussi voir dans bloodsports)
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Ah ouais, c'est sacrément impressionnant
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Publié : 17 août 2021 13:00
par lessthantod
Je viens de mater Un Flic, le tout dernier film de JP Melville ...
Un flic est le dernier film de JP Melville, un an avant sa mort soudaine. C'est un film qui ressemble beaucoup à son film précédent Le Cercle rouge, un polar/film de braquage avec les mêmes personnages de flics et voyous, les même lieux visités de Paris et un pitch presque identique.
Après le hold-up d'une banque, le commissaire Coleman (Alain Delon) est chargé de l'enquête. Il découvre que son meilleur ami Simon (Richard Crenna), ainsi que Cathy (Catherine Deneuve), sont impliqués dans l'affaire et que l'argent du braquage est destiné à financer un encore plus gros coup.
Un Flic c'est comme Le Cercle rouge, mais en pas bien. JP Melville a voulu poussé les potards à fond, une scène de casse beaucoup trop longue, des silences qui s'éternisent pendant des plombes et des personnages plus énigmatiques que jamais, qui n'ont aucune profondeur et dont on ne connait pas les motivations. Et puis, il ne pouvait pas s'empêcher de revisiter des lieux déjà vus dans tous ses films (le club de jazz), les voitures américaines qui n'ont rien à faire là, les prostituées indic, les personnages féminins qui n'ont aucune incidence sur le récit (la femme potiche, quoi).
Mais surtout, il y a la fameuse scène du vol de la drogue dans le train avec l'hélicoptère, une catastrophe. Le choix de filmer l'hélicoptère et le train en maquette peut se justifier, mais les plans sont beaucoup trop rallongés dans le temps. Tout de suite on repère la maquette et au lieu de couper très vite pour faire illusion, comme sait si bien le faire Alfred Hitchcock, il rallonge la durée du plan avec l'hélicoptère qui se rapproche du train. Et à partir du moment où on repère la maquette (et on la repère immédiatement), on décroche complètement de la scène. Comment JP Melville n'a pas pu se rendre compte du désastre au moment du montage de la séquence ? Et en plus, la séquence dure en tout plus de 20 minutes et bien sûr toujours sans le moindre dialogue auquel se raccrocher. Et si vous rajoutez les facilités du scénario, ainsi que les nombreux faux raccords, on se dit que décidément JP Melville a bâclé le travail pour ce film.
Alain Delon est complètement désintéresser par son rôle de commissaire, qui plus est un rôle insignifiant au sein du récit. Et puis le casting qui mélange acteurs français et américains, ce qui oblige un travail de doublage en post production, ne fonctionne pas. Richard Crenna (aka le colonel dans Rombo) et Michael Conrad ne sont clairement pas à l'aise avec la direction d'acteur de JP Melville. Quant à Catherine Deneuve, elle est présente tout au plus 5 minutes sur 1h40 du film et elle ne prononce pas plus de deux ou trois mots en tout. A quoi bon engager une telle actrice pour la négliger à ce point ? JP Melville a la réputation d'être misogyne et son traitement des femmes à l'écran semble le confirmer, surtout sur sa fin de carrière. De ce fait, la tentative d'installer un triangle amoureux Coleman-Cathy-Simon est un terrible échec, JP Melville lui-même semble s'en désintéresser.
Un Flic est un polar fait de façon mécanique, sans idées, sans âme et sans envie de son réalisateur. Cette suite spirituelle au Cercle rouge, est aussi fastueuse qu'inutile. JP Melville étire les rebondissements d'un scénario au vide abyssal, jusqu'à la scène finale qu'il expédie en 2 secondes. C'est comme s'il voulait s'en débarrasser et passer au film suivant, ne sachant pas que ce serait son dernier film.
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Publié : 17 août 2021 15:24
par Shovel Knight
Après avoir relus le comics, j'ai matté le film, version ultimate cut de plus de 3 heures.
Je l'ai trouvé très fidèle à la BD, limite case à case et au dialogue prêt. La plus grosse différence scénaristique concerne l'évènement qui va mettre fin à la guerre froide et unir les pays du monde entier face à un ennemi commun. Pas grand chose donc à dire sur le scénar, c'est comme pour la BD : c'est bon mais la narration est lourdingue par moment, ça se prend très (trop) au sérieux mais c'est le style d'Alan Moore (qui d'ailleurs n'a pas participé à l'adaptation, n'a pas vu le film et a même refusé que son nom figure au générique).
Certaines scènes sont visuellement saisissantes, globalement je dis chapeau à Snyder pour sa mise en scène.
Par contre comme pour le comics, je vois pas à quoi sert l'histoire parallèle de pirates que lit un personnage dans la rue devant un kiosque à journaux.
D'ailleurs je crois que l'histoire de pirates n'avais pas été retenue du cut initial, je pense que ça doit rendre le récit plus fluide.
J'ai fait 2 tentatives avec ce film, j'ai jamais pu tenir plus de 20 minutes.
C'est pas forcément la faute du film, j'ai des goûts bizarres depuis toujours
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Publié : 17 août 2021 20:37
par Gringos10
la première fois que je l'ai vu je l'ai trouvé moyen, mais c'est la marque des grands films de dévoiler leurs richesses au fil des visionnages.
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Publié : 17 août 2021 20:55
par maxicrash
Là, je te rejoins. Je n'avais pas aimé du tout le premier visionnage de pulp fiction.
Gringos10 a écrit :La citadelle de Kowloon,(qu'on peut aussi voir dans bloodsports)
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Ah ouais, c'est sacrément impressionnant
si tu veux en savoir plus (c'est assez dingue) :
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Publié : 18 août 2021 01:00
par lessthantod
J'ignorais tout de cette cité, c'est hallucinant ...
Et selon légende, JVCD aurait nettoyé définitivement la cité de toute criminalité …
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Publié : 18 août 2021 01:12
par lessthantod
Gringos10 a écrit :Pas encore vu ce Melville.
Apparemment je ne rate rien...
Non, je ne te le conseille vraiment pas.
Melvile était apparemment très fatigué et en manque total d'inspiration :/
Gringos10 a écrit :Tu vas te faire l'armée des ombres?
J'en ai fini de mon cycle JP Melville, c'est juste que je n'avais pas posté ici mes avis sur l'armée des ombres et Le Doulos.
Pour Le Doulos ...
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Le Doulos est un film noir particulièrement intelligent, au scénario palpitant et à la mise en scène très soignée ... du Jean-Pierre Melville, quoi ! C'est franchement et sans aucun doute l'un des deux ou trois meilleurs film de JP Melville, que j'ai vu jusqu'à présent.
Le Doulos ressemble beaucoup à mon JP Melville préféré, Le Samouraï. Ce sont deux polars qui se transforment en tragédie grec, la seule différence (mais elle a son importance) étant Jean-Paul Belmondo dans le premier et Alain Delon dans le second en têtes d'affiches. Belmondo apporte une touche plus chaleureuse à son personnage et nous gratifie de quelques "Belmonderies" qui font plaisir (aucune connotation péjorative de ma part). JP Melville se retrouve dans l'emphase de Bébel, sa flamboyance, mais sait le maitriser et en atténuer ses excès dans le jeu. Alain Delon, quant à lui, est un acteur plus froid/glacial et mélancolique. A mon avis, Alain Delon correspond mieux à l'idéal masculin selon JP Melville et se reconnait mieux en lui qu'en Belmondo. Je suis un gros fan de la filmographie de Belmondo, mais faut avouer qu'Alain Delon dans Le Samouraï ... c'est la classe ultime !
Le Doulos est donc peut-être moins séduisant immédiatement, que les dernières productions Melvilliennes bénéficiant de plus de moyens, mais ici il se rattrape sur la qualité d'écriture. Si on aime le cinéma de Jean-Pierre Melville, on ne sera pas déçu par Le Doulos ... encore un chef-d'œuvre intemporel !
Pour L'Armée de ombres ...
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L'Armée des Ombres est généralement considéré comme le film le plus important (significativement) dans la carrière de Jean-Pierre Melville, un film sur la résistance très sombre et réaliste qui aura marqué toute une génération. Le film se déroule de 1942 à 1943 et on suit les événements de la guerre au sein d'un groupe de résistants mené par Lino Ventura.
L'Armée des ombres c'est un film qui décrit très minutieusement les actions de la résidence pendant la guerre. Le film s'attarde énormément sur tous les petits détails qui ne sont généralement jamais montrés dans les autres films du genre, plus portés sur les actions chocs. Alors que dans L'Armée des Ombres, il y a très peu d'action et un minimum de violence montrée à l'écran, ce qui n'en atténue nullement sa porté émotionnelle.
Sur le plan formel, c'est bien du JP Melville au meilleur de sa forme. La mise en scène est très étudiée, avec de long plans séquences, le minimum de coupes possible, une grande maîtrise des espaces, le jeu sur le silence et les regards, beaucoup de décors en studio avec une prédominance du vert/bleu bien pensé (pour accentuer la lourdeur du film) et un jeu sur la lumière et l'éclairage magnifique (beaucoup de jeu d'ombres). Et pour finir, un mot sur la musique et sur l'ambiance sonore s'impose. Non seulement le thème musical du film est splendide, mais en plus il y a un jeu sur le silence et des effets sonores assourdissants qui aident énormément à nous plonger dans le film.
Non vraiment, que ce soit sur le fond ou sur la forme, L'Armée des ombres est une grande réussite. Et puis le film repose aussi beaucoup sur les épaules d'un Lino Ventura impressionnant, sa performance étant particulièrement intense et touchante ici
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Publié : 18 août 2021 16:36
par lessthantod
Je viens de mater Othello d'Orson Welles ...
Othello est la deuxième œuvre shakespearienne d'Orson Welles après Macbeth, deux tragédies shakespeariennes fondamentales dans la filmographie d'Orson Welles, lui qui durant toute sa vie ne cessa de clamer son admiration pour le grand dramaturge anglais. MacBeth parlait d'ambitions et de folie. Othello quant à lui traite de la jalousie, de toutes les jalousies, celle de Iago (le génial Micheál Mac Liammóir) jaloux du succès et du pouvoir d’Othello, celle de Rodrigo amoureux de Desdemona, celle du sénateur Barbantio et père de Desdemona en colère contre sa fille ... mais la plus aveugle de toutes les rancœurs est bien celle du général Othello "le Maure de Venise" (Orson Welles, son visage grimé en noir) envers son épouse Desdemona (la belle Suzanne Cloutier) et qui sera fatale pour nos deux héros têtes d'affiche.
Comme pour Citizen Kane, Orson Welles décide de démarrer son film par la fin, puis d'expliquer les évènements sous-jacents au moyen du flashback. Le film débute donc par les funérailles du général maure Othello et de la belle et douce (et blanche) Desdemona, tandis que le perfide Iago est enfermé dans une cage sous les huées de la foule. Le message est clair, nous sommes dans une tragédie grec. La mécanique du récit est alors implacable et l'écriture ciselée avec un grand respect du texte original. Après avoir vu le film, on se dit qu'il serait impossible de déplacer la moindre réplique ou le moindre plan, tellement tout est parfaitement huilé dans le montage. Il y a bien quelques faux raccords d'ici delà dans le montage, mais c'est parfaitement pardonnable quand on connait les difficultés de production et le faible budget du film. MacBeth fut tourné en trois semaines, tandis que le tournage d'Othello s'est étiré sur plus de deux ans et il aura fallu encore deux ans de plus pour en parfaire le montage. Avec tous les changements d'acteurs, tous les changements de lieux filmés, c'est un miracle qu'il n'y ait pas plus d'incohérences dans le visuel et dans le découpage des plans.
Othello débute son récit par la fin comme Citizen Kane et comme dans Citizen Kane, ce prologue est magistral dans sa mise en scène. Décidément, Orson Welles rate rarement ses entrées en matière pour ses propres films. Les funérailles du général Othello et de son épouse Desdémone sont filmés sur plusieurs plans, à différentes échelles, avec un jeu d'ombres et de lumières magnifique. On ne distingue que les silhouettes du cortège dans un décor construit sur des lignes de fuite. La photographie de cette séquence joue sur l'opposition du blanc et du noir, les ombres sont très noires et le ciel très blanc. Toute cette séquence est magistralement mise en scène et un peu comme dans Citizen Kane, Orson Welles aura bien du mal à maintenir ce très haut niveau de réalisation durant tout le film.
L'interprétation d'Orson Welles est ici moins flamboyante et plus dans la retenue qu'à l'accoutumée. Son Othello est moins grandiloquent que son MacBeth, bien que certains de ses monologues soient terriblement efficaces. Il en est de même pour le personnage de Desdemona, elle aussi en net retrait du récit. Suzanne Cloutier n'en reste pas moins magnifique et impressionne par sa beauté dés qu'elle apparait à l'écran. Non, le vrai personnage central de cette tragédie, c'est le maléfique Iago. Micheál Mac Liammóir est parfait et donne beaucoup d'épaisseur et de crédibilité à son personnage, dans un rôle pourtant terriblement casse-gueule. Au final, on se souviendra de Iago comme l'un des méchants les plus marquant du cinéma.
Bref, Othello c'est un film d'une beauté à couper le souffle et d'une force émotionnelle sans équivoque. Après un MacBeth déjà très réussi, Orson Welles repousse encore plus loin les limites de son génie et nous offre là une œuvre à placer très haut dans sa filmographie.
A voir absolument, le documentaire Filming Othello (1978) de et avec Orson Welles ...
Je dois encore voir ses 2 œuvres Shakespeariennes et Le Procès, mais ça m'étonnerai que ça surpasse La Soif du mal.
il va te manquer celui là aussi :
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[mention]lessthantod[/mention] tu as fini sa filmo?
tu vas essayer de mater celui de ma citation?
j'ai aussi ce coffret à la maison, mais rien vu de ce qu'il contient pour l'instant :
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 18 août 2021 18:22
par lessthantod
Le prochain à voir c'est Le Procès.
C'est pas ce coffret là que j'ai, c'est celui-là ...
J'ai aussi ces éditions là ...
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 18 août 2021 18:37
par Gringos10
jolis les collectors montparnasse.
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 18 août 2021 18:42
par lessthantod
En plus elles contiennent de nombreux bonus, y compris plusieurs commentaires audio passionnants qui ont disparu des éditions suivantes, quand WB a pris le relais.
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 18 août 2021 18:45
par lessthantod
Le livre studio Canal sur Romy Schneider est très classe aussi, il existe la même édition pour Louis de Funès, Bébel et Lino Ventura (et à chaque fois 4 DVD qui les accompagne). Pour l'instant je n'ai que celui de Romy, mais j'aimerais bien compléter la collection avec les 3 autres, surtout que certains films ne sont pas facile à choper à l'unité.
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 19 août 2021 06:44
par Captain Obvious
Un huis clos bien tendu et brutal par le réalisateur de Blue Ruin. Bon film avec une belle brochette d'acteurs.
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Publié : 19 août 2021 10:22
par maxicrash
Re-vu
La première fois où je l'ai vu, j'étais passé à côté. J'ai beaucoup de mal avec les films très très lent, ça en est un.
Joaquim Phoenix est magistral dans ce film. Torturé par les morts, non pas de ceux dont il est l'auteur mais surtout ceux dont il a été le témoin impuissant.
C'est un peu un cousin lointain de Léon, un nettoyeur qui rempli des contrats.
Le film est vraiment hyper lent. Énormément de ralentis et de plan séquence où rien ne bouge, sauf parfois le décor.
Le film est construit pour nous perdre. On ne sait pas toujours si on est dans la réalité ou dans l'imagination de Joaquim Phoenix. L'ambiance sonore est vraiment là pour rajouter à la confusion.
Joaquim Phoenix arrive à ne rien laisser paraître de ses émotions sauf à la fin où il lâche tout. Pourtant tout se lie sur son visage. Bluffant.
Si vous regardez le film jusqu'à la fin du générique, un petit mot vous sera adressé dans les dernières secondes.
J'ai particulièrement aimé le second visionnage.
Un huis clos bien tendu et brutal par le réalisateur de Blue Ruin.
Il a l'intention de nous faire toutes les couleurs ?
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Publié : 19 août 2021 12:50
par lessthantod
The Times a écrit :"Le Taxi Driver du 21ème siècle"
ils ne rigolent pas les gars du Times
En plus Joaquim Phoenix a reçu le prix d'interprétation à Cannes ?
Et c'est sorti en 2017 ?
Je suis complètement passé à côté de sa sortie, mais merci pour ton retour maxicrash ... ça donne sacrément envie
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Publié : 19 août 2021 12:55
par petitevieille
Ce monsieur va finir par se spécialiser dans les rôles de psychopathes.
Re-vu
La première fois où je l'ai vu, j'étais passé à côté. J'ai beaucoup de mal avec les films très très lent, ça en est un.
Joaquim Phoenix est magistral dans ce film. Torturé par les morts, non pas de ceux dont il est l'auteur mais surtout ceux dont il a été le témoin impuissant.
C'est un peu un cousin lointain de Léon, un nettoyeur qui rempli des contrats.
Le film est vraiment hyper lent. Énormément de ralentis et de plan séquence où rien ne bouge, sauf parfois le décor.
Le film est construit pour nous perdre. On ne sait pas toujours si on est dans la réalité ou dans l'imagination de Joaquim Phoenix. L'ambiance sonore est vraiment là pour rajouter à la confusion.
Joaquim Phoenix arrive à ne rien laisser paraître de ses émotions sauf à la fin où il lâche tout. Pourtant tout se lie sur son visage. Bluffant.
Si vous regardez le film jusqu'à la fin du générique, un petit mot vous sera adressé dans les dernières secondes.
J'ai particulièrement aimé le second visionnage.
Par contre je déteste les phrases d'accroche comme celle ci, en gros sur l'affiche.
Surtout que ça n'a sûrement rien à voir avec le film cité.
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Publié : 19 août 2021 13:46
par maxicrash
J'aime pas non plus ces phrases d'accroches et celle là est à côté de la plaque en plus.
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Publié : 19 août 2021 13:58
par spip
Et plus con que l'affiche avec le titre plus petit que l'accroche, c'est le nom du film !
Titre original : "You Were Never Really Here" traduit en "A Beautiful Day" …pour la distribution française…
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Publié : 19 août 2021 14:22
par maxicrash
je croyais que c'était le petit mot qui nous été adressé à la toute fin du film, mais non c'est le titre original
A beautiful day c'est par rapport au tout dernier dialogue du film.
Cà restera une étrangeté comme Hangover -> Very bad trip
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Publié : 19 août 2021 16:27
par petitevieille
Ah c'est pas le titre du flim ?
Si j'étais cinéaste je ferais un flim intitulé « Le plus grand flim de tous les temps - Première & Cahiers du Cinéma ».
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Publié : 19 août 2021 16:34
par dandyboh
Ça me rappelle "Wild Things" traduit en français par... "Sexcrimes". LOL. D'ailleurs on pourra dire ce qu'on veut des québécois mais eux au moins font des traductions exactes ou presque, à chaque fois (laisser le titre anglais ne me pose pas de soucis a priori mais si c'est pour le "traduire" par un autre titre anglais)...
D'ailleurs, on en parle des "die and retry" ?? Terme franco-français alors que le monde entier parle de "trial and error" ??
Un huis clos bien tendu et brutal par le réalisateur de Blue Ruin.
Il a l'intention de nous faire toutes les couleurs ?
Son film suivant s'intitulait "Hold the Dark" traduit en France : "Aucun homme ni dieu ".
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Publié : 20 août 2021 09:02
par Captain_Eraclés
On a passé une bonne soirée devant ce duo . Drôle, parfois très drôle . Une comédie réussie, rire devant un film ça ne m'arrive que trop rarement .
Je ne savais pas trop dans quoi je me lançais et c'est finalement une belle petite histoire d'amour improbable . C'est calme, lent (ce qui concorde parfaitement avec cette univers froid et sombre), poétique et lugubre . La mise en scène est de bonne facture et la petite Chloë Grace joue très juste malgrè son jeune âge .
Pas le film de l'année mais plaisant .
Maintenant, il faudrait que je compare avec l'oeuvre originale "Morse"
On a passé une bonne soirée devant ce duo . Drôle, parfois très drôle . Une comédie réussie, rire devant un film ça ne m'arrive que trop rarement .
Il est dispo sur une plateforme ?
Je ne l'ai toujours pas vu et il me botte bien.
Pareil pour le film à couteaux tirés qui a l'air sympa et que je n'ai pas encore eu loccaz de choper.
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Publié : 20 août 2021 10:14
par Tryphon
Je l'ai vu sur Netflix (et il est assez sympa)
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Publié : 20 août 2021 10:21
par Gringos10
Ah cool je vais pouvoir le mater.
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Publié : 20 août 2021 19:21
par lessthantod
Je viens de mater Le Procès, toujours de et avec Orson Welles ...
Le Procès est l'adaptation très libre du roman posthume de Franz Kafka. Orson Welles y puise toutes les thèmes qui l'obsèdent, l'étude de la condition sociale (Citizen Kane et La Splendeur des Amberson), le sentiment culpabilité (Macbeth et Othello) et le faux-coupable (La dame de Shangaï et La Soif du mal), pour en faire une satire sociale et politique. Avec Le Procès j'ai l'impression de retrouver toute la maestria de mise en scène d'Orson Welles, mais aussi la même froideur des sentiments, ainsi qu'un récit un peu trop brouillon.
K (Anthony Perkins) est un jeune homme arrêté par la police à son réveil. Pourquoi l'arrête-on ? De quoi est-il accusé ? Est-il coupable ou innocent ? K semble être totalement perdu et plus il tente de comprendre ce qui lui arrive, plus il s’enfonce dans l’incompréhension et plus le piège de la justice se referme sur lui.
Mais avant tout ça, avant de nous présenter les déboires de K, le film commence par une petite fable racontée sous la forme d'un film d'animation vraiment très beau, étrange et unique dans son style (un peu à la manière d'un Terry Gilliam). Ceci permet de préciser les tenants et aboutissants du récit qui va nous être présenté par la suite. D'ailleurs le film se termine également sur cette petite fable, histoire de boucler la boucle (un peu comme dans Citizen Kane et Othello, en fait).
La première chose qui frappe lorsque le film démarre enfin, c'est la direction artistique. Tous les décors ont ce petit quelque chose d'intriguant, parfois vertigineux, parfois étouffants, mais toujours complexes et fourmillant de détails. Chaque décor est unique et bizarre. C'est cette bizarreté, qui ne semble être bizarre que pour le spectateur, qui frappe en premier. On a l'impression que tout ça n'est pas réel, que nous sommes dans un rêve (ou plutôt un cauchemar ici). Non vraiment, sur la forme c'est gros coup de cœur pour moi. Et bien sûr la mise en scène d'Orson Welles joue beaucoup là-dessus.
S'il y a bien quelque chose qu'on ne peut pas reprocher au film, c'est qu'il est tout le temps surprenant et nous mène toujours là où on ne l'attend pas. C'est parfois brouillon, beaucoup de personnages, certains récurrents, d'autre qui apparaissent furtivement pour disparaitre aussitôt sans savoir pourquoi. C'est très drôle aussi avec une pléiade de personnages haut en couleurs, tous magnifiquement interprétés par un casting franco-italo-américain (Jeanne Moreau, Romy Schneider, Michael Lonsdale, Suzanne Flon, Elsa Martinelli, Madeleine Robinson, Orson Welles lui-même ...). Mention spéciale tout de même à Romy Schneider qui joue une jeune infirmière un peu barrée et surtout très séduisante. Et puis il y a Anthony Perkins, probablement dans le rôle de sa vie. Il est présent sur quasiment chaque plan du film et il fallait bien un acteur de cette stature pour relever le défi. Son physique si particulier (longiligne et félin) colle parfaitement au ton du film et ajoute de l'étrangeté à l'étrangeté.
Que ce soit sur la forme ou le fond, Le Procès est l'un des films les plus étrange et énigmatique d'Orson Welles. Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris, mais j'ai quand même adoré l'expérience, parce que unique, splendide et déroutante. C'est vraiment un film qui pousse à la réflexion et qui stimule votre intellect, sans être ennuyeux une seule seconde.
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 20 août 2021 19:26
par Gringos10
Perkins + Welles, ça m'attire grave !
Vos dernières séances [films/Animes]
Publié : 20 août 2021 19:35
par lessthantod
J'ai beaucoup pensé à Brazil de Terry Gilliam en matant ce film.
Si t'as aimé Brazil, faut absolument que tu vois ce film, c'est évident que Terry Gilliam s'en est inspiré.
J'ai beaucoup pensé à Brazil de Terry Gilliam en matant ce film.
Si t'as aimé Brazil, faut absolument que tu vois ce film, c'est évident que Terry Gilliam s'en est inspiré.
on ne peut pas dire que je prenne mon pied en matant du Gilliam (à part "l'armée des 12 singes"), mais Brazil est quand même un film essentiel, une expérience incontournable.