Gringos10 a écrit : ↑21 nov. 2020 15:48
@Tryphon J'ai l'impression que, comme pour Z (qui je le rappelle est basé sur des personnages réels comme The goodfellas), tu mélanges ton excecration de certains personnages filmiques avec la qualité des films en question.
C'est un poil plus compliqué (au sens qu'un personnage peut être un connard ou pathétique sans que ça baisse la qualité du film, au contraire) (tiens, dans Blade Runner, Deckard est un connard pathétique, Roy un psychopathe, mais ils ne sont pas vraiment le sujet du film, plutôt des outils pour esquisser un thème bien plus profond) (ou on peut parler des Sergio Leone) (ou même le Parrain, que j'ai apprécié, surtout le 2) mais oui, je ne sépare pas la qualité du film de l'écriture de ses personnages.
Ces personnages, que tu les trouves pathétiques, idiots, superficiels, égoistes, connards ou ce que tu veux, c'est parce qu'ils ont été écrit ainsi, et sûrement qu'ils l'étaient réellement, mais je ne vois pas en quoi ça peut être reproché à un film...
Le problème n'est pas tant les personnages, mais le fait que le film ne fait que les montrer. Si le film avait une idée forte, une abstraction (comme l'identité dans BR, la transcendance dans 2001, la folie urbaine dans À tombeau ouvert, la folie des hommes comme chez Leone) ou un message moral (comme dans Dead Man Walking, autre film qui m'a beaucoup touché avec pourtant un gros gros connard comme héros), j'accepterais de voir ces personnages évoluer.
Mais y'a quoi comme message dans ce film ? Je n'en suis pas sûr mais perso j'ai hésité entre :
* tu vois petit, la vie dans le crime, c'est pas cool : tes copains sont des psychopathes, tu crois avoir la belle-vie, mais tu finiras mort ou avec une vie de merde comme tout le monde
* il faut pas faire du crime parce que sinon on finit par se faire attraper (et même pas parce que c'est juste la négation de l'humanité, de la solidarité entre les êtres ou toute autre valeur universelle)
ou :
* finalement le crime c'est plutôt sympa, on s'éclate bien pendant un moment, et de toutes façons c'est la seule possibilité d'exister quand t'es né pauvre (mais cherche pas, si t'es pas italien tu monteras jamais bien haut)
On le compare souvent au Parrain, mais le Parrain c'est deux vrais portraits de personnages complexes, qui se trouvent évoluer dans le milieu du crime (sans jamais l'avoir souhaité, ni pour l'un ni pour l'autre) et qui tentent justement, chacun à leur manière, de composer avec leur morale (c'est plus ou moins bien fait, surtout sur le personnage de Michael Corleone, mais sur Vito c'est exceptionnel). Ces films ne peuvent pas être plus opposés.
Bon c'est long, mais en résumé : oui, ce que fait le réalisateur de ses personnages est important pour moi, je ne peux pas me contenter de "le réalisateur, c'est juste celui qui fait les images"

C'est un θ, il croyait qu'il était τ, mais en fait il est θ.