Année : Initialement prévu pour 1990, mais… finalement sorti en 2025
Développeur : Jaleco (jeu finalisé par Habit Soft)
Éditeur : City Connection
Nombre de joueurs : 1
Support : Mega Drive

Alors que les fans de la Mega Drive ont les yeux rivés sur des titres prometteurs à venir comme IRENA et Earthion, City Connection offre un nouveau shmup à la ludothèque MD avec ce P-47 II Freedom Star MD.
Enfin « nouveau » est un bien grand mot quand on sait que ce titre a passé 35 ans dans un carton avant de voir le jour sur la console à laquelle il était destiné. Cette résurrection en bonne et due forme en valait-elle vraiment la peine ? Est-ce que ce P-47 II est un shoot à la hauteur de la 16 bits de Sega connue pour sa garde-robe shmupesque d’une grande richesse ?
Back to the WW2
En tant que l’as des pilotes de l’Armée de l’air des USA, vous devrez d’abord arrêter la progression des nazis en Europe, puis vous rendre dans le Pacifique afin d’éliminer une unité non identifiée de la marine japonaise et enfin détruire FUGAKU, une arme de destruction massive qui pourrait changer le cours de la guerre lorsqu’elle sera achevée. La réussite de cette opération cruciale et éprouvante nommée “FREEDOM STAR” mettra un terme à cette guerre.
Pour mener cette mission avec succès, vous devrez réussir six objectifs qui ne sont autres que la destruction des boss de la fin de chaque stage, au nombre de six. Les deux premiers se déroulent en Europe (et ressemblent beaucoup aux niveaux 1 et 2 du premier volet) et les quatre autres dans la région du Pacifique. Chaque niveau contient un boss différent. Ils sont souvent très imposants et parfois même mythiques, à l’image du célèbre cuirassé Yamato.
Avant chaque niveau, une carte nous montre notre cible et sa zone géographique, mais je ne vois pas du tout à quel endroit elle correspond. Une chose est sûre : les développeurs n’ont pas fait appel à un géographe.

La fameuse carte qui mêle Europe et Océan Pacifique…
Un système classique
P-47 II est un shmup à scrolling horizontal. On y contrôle un P-47 Thunderbolt qui dispose d’un unique tir d’une ligne que l’on peut améliorer trois fois pour obtenir un tir de cinq lignes. Contrairement au volet précédent, les armes secondaires ne sont pas tirées par le P-47, mais par un ou deux avions qui l’accompagnent. Le nombre d’accompagnateurs change en fonction de l’arme. Ainsi, on peut obtenir un bouclier qui inflige également des dégâts aux ennemis lorsqu’il les touche, de puissantes bombes qui détruisent tout ce qui se trouve en dessous du P-47, des missiles à tête chercheuse peu puissants, mais efficaces pour détruire des petits ennemis et pour dénicher des bonus cachés dans le décor et deux extensions de tir à 45 degrés par rapport à notre avion qui permettent de couvrir une zone de tir plus large. Parlons également des Hyper Bombs qui, comme leur nom l’indique, servent de bombes surpuissantes, mais aussi de points de vie. Chaque vie nous en offre trois et quand on n’en a plus, le prochain coup sera fatal à notre bon vieux P-47 qui choira en crachant des flammes. Puis, il reviendra, mais presque à poil.
En effet, il conservera tout de même son arme secondaire au niveau le plus bas lors de la prochaine vie. Il faudra donc récupérer de nouvelles améliorations qui se présentent sous la forme de petits hélicoptères à détruire. D’ailleurs, en plus des Hyperbombs, des améliorations pour le tir principal et pour les armes secondaires et parfois même des vies supplémentaires, ces hélicos donnent aussi des améliorations de vitesse ô combien précieuses tellement notre P-47 est lent ! Et c’est là, l’un des gros défauts de ce jeu.

Le boss du premier monde, il faut détruire ses quatre parties amovibles pour en venir à bout…
C’est l’une des marques de fabrique de cette série. Sans bonus de vitesse, notre vaisseau est d’une lenteur incroyable. Si cela ne pose pas de problème en début de partie, c’est tout autre chose lorsqu’on a perdu une vie au stage 4 ou 5 et qu’il faut éviter pléthore de projectiles qui n’ont qu’un seul et unique but : notre destruction. Fort heureusement, les hélicos sont nombreux et on finit par récupérer un bonus de vitesse salvateur au bout de quelques dizaines de secondes de jeu.
À part ça, pour les deux au premier rang que ça intéresse, la réponse est oui ! On peut faire des attaques kamikazes en touchant un ennemi avec notre P-47. Ça peut s’avérer pratique lorsqu’on connaît bien la durée de la frame d’invincibilité de notre vaisseau lors de la perte d’un point de vie.
L’ADN d’un P-47
Après avoir parlé du gameplay, je vous propose de nous pencher sur la réalisation de ce titre. Au niveau esthétique, le jeu propose des boss impressionnants au design plutôt réussi ainsi que des parallaxes dans presque chaque niveau, à noter toutefois quelques clippings lors de l’explosion de gros ennemis. D’autres effets viennent enrichir les stages avec une mention spéciale pour le ciel du soleil couchant du stage 2 qui s’assombrit peu à peu jusqu’à la tombée de la nuit lors de laquelle on affronte le boss de niveau. Certains trouveront ça romantique… chacun ses goûts. Quoi qu’il en soit, ce titre est beaucoup plus joli que P-47 sur PC Engine, mais il souffre des mêmes défauts, à savoir des ennemis aux designs peu inspirés si bien qu’on a souvent l’impression d’affronter les mêmes. Ce côté répétitif est également présent dans le level design puisque les niveaux ne présentent aucun obstacle, à part le premier stage au niveau du sol et le cinquième qui impose des zigzags dans des passages étroits. Bref, techniquement parlant, ça reste quand même léger quand on sait que ce titre a été développé en même temps que certains jeux tels que Musha Aleste et Gynoug.

Le célèbre cuirassé Yamato viendra vous mettre des bâtons dans les… réacteurs.
Malheureusement, les musiques ne sont pas les points forts de ce titre. C’était déjà le cas pour le premier volet. Certains thèmes sont plutôt sympas, mais d’autres font très “musique d’ascenseur”. Bref, elles ne resteront pas dans les annales…
Le plus gros point fort de ce shoot reste sa maniabilité. Les tirs s’effectuent en maintenant le bouton et notre avion répond au doigt et à l’œil. D’ailleurs, seuls deux boutons sont mis à contribution : A ou B pour les tirs et C pour l’Hyperbomb. Le seul gros souci comme dit plus haut est la vitesse par défaut de notre avion. Heureusement que les options permettent de l’améliorer de manière considérable, à condition de ne pas perdre de vie.
Un titre accessible, mais…
Ce qui me pousse donc à parler de la difficulté de ce jeu qui dispose d’un mode facile, normal et difficile. Je l’ai fini dans ces trois modes et, en toute franchise, je n’ai pas vraiment ressenti de différences. Peut-être un peu plus de boulettes et des ennemis un chouia plus coriaces dans le mode difficile, mais c’est tout. D’après M. Arai, ce jeu a été développé dans le but d’être accessible, contrairement au premier opus qui est bien plus difficile à finir, jeu arcade oblige. Le boss du monde 3 pourra poser quelques problèmes lors de la première rencontre, mais on arrive au stage 5 assez facilement. Par contre, dans ce niveau qui nous impose de slalomer entre des passages étroits et d’éviter des tirs vicieux, la difficulté augmente d’un gros cran. Ce niveau est loin d’être infaisable, mais il nécessite un peu de pratique et un armement adéquat pour être passé en une seule vie. Il s’agit sans doute du stage le plus intéressant du titre. Après lui, le stage 6 n’est rien de plus qu’une formalité et le dernier boss est d’une simplicité affligeante avec des patterns lisibles et très facilement évitables. Si vous n’êtes pas de grands amateurs du 1cc, sachez qu’on dispose de trois continues et de la possibilité de régler notre nombre de vies de départ à 3 à 5. Enfin, quand on en perd, le scrolling continue et notre avion revient quelques dizaines de secondes plus tard en bénéficiant d’une frame d’invincibilité qui permet aux plus futés d’entre nous de frapper des ennemis ou de franchir des obstacles dans le stage 5, histoire de ne pas avoir perdu une vie en vain…

Le niveau 5 est sans aucun doute le stage le plus "difficile" du jeu.
Son accessibilité n’aurait pas été une mauvaise chose si les trois modes de difficulté étaient bien distincts. Mais dans l’état actuel des choses, force est de constater que la durée de vie de ce soft s’en retrouve drastiquement réduite, notamment à cause de l’absence d’un mode difficile digne de ce nom. De même, contrairement au volet précédent, le mode 2 joueurs répond malheureusement aux abonnés absents.
Comptez donc une petite vingtaine de minutes pour venir à bout de cette aventure et voir la fin qui mettra un terme à votre partie. Vous n’aurez donc pas la possibilité de parcourir le jeu dans une difficulté supérieure afin d’augmenter votre score. Vous serez forcés de repartir à zéro. Autrement dit, le score est là simplement pour faire joli puisqu’il n’y a ni classement ni bonus. De même, le côté tactique de son gameplay qui repose sur le choix entre les Hyperbombs et les points de vie perd grandement en intérêt et c’est bien dommage…
Enfin, un petit mot sur le menu des options qui permet de choisir la “difficulté”, le nombre de vies et l’attriubution des commandes. Il contient également un Sound Test.
Conclusion :
Trop bien pour être une daube, mais pas assez convaincant pour se hisser dans le haut de la ludothèque Shmups de la dame noire, P-47 II fait davantage parler de lui pour son histoire insolite que pour ses qualités techniques et ludiques. Ce titre n’en demeure pas moins sympa à parcourir lors des premières parties, mais ce qu’il propose est tout de même beaucoup trop léger pour l’installer à la table des meilleurs représentants du genre sur Mega Drive. Il pourra tout de même trouver son public auprès des fans de shmups, des amoureux de la Mega Drive, des amateurs de l’histoire des jeux vidéo, des débutants et surtout des collectionneurs.
Note : 5/10