1- L'histoire d'Amstrad et de l'Amstrad CPC
2- Amstrad en France
3- Les différents modèles d'Amstrad CPC
4- Les autres gammes de la marque : Amstrad PC et Amstrad PCW
5- Les commandes utiles
6- Les émulateurs
L’Amstrad CPC est un ordinateur 8-bit créé par la société britannique Amstrad et mis sur le marché en juin 1984. A son arrivée, le marché de la micro était dominé par deux machines : le ZX Spectrum et le Commodore 64. Il est d’ailleurs rapidement parvenu à leur tenir tête, notamment au Royaume-Uni, en France, en Espagne et en Allemagne.
Fondé en 1968 par Alan Michael Sugar (AMSTRAD signifie Alan Michael Sugar TRADing), la société débuta en produisant du matériel Hi-Fi, des télévisions et des lecteurs de cassettes audio à bas prix, puis des amplis et des tuners. En 1980, la société fonctionnait à merveille et engrangeait beaucoup de bénéfices, c’est alors qu’Alan Sugar décida de se lancer dans le domaine de l’informatique. Afin de se démarquer de ses concurrents, Alan Sugar voulut que sa machine réponde à deux critères primordiaux : il fallait qu’elle soit « tout en un » (pas besoin de devoir acheter séparément un écran, un lecteur de cassette, un clavier, etc… : tout devait être prêt à fonctionner après un simple branchement) et il fallait qu’elle ressemble à un vrai ordinateur professionnel plutôt qu’à une calculatrice géante, comme le montre la photo ci-dessous :
C’est ainsi que naquit, en juin 1984, le premier modèle d’Amstrad CPC (Color Personal Computer). Celui-ci disposait de 64 KB RAM – plus que le ZX Spectrum et le BBC Micro et autant que le C64 – et d’un lecteur de cassette interne et était vendu au prix de 249£ avec un écran monochrome, ou 359£ avec un écran couleur. Il était donc moins cher qu’un C64, si l’on compte le prix de l’écran et du lecteur de cassettes. Il possédait une palette de 27 couleurs (ou 27 variantes de vert dans le cas de l’écran monochrome…) et pouvait en afficher 16 simultanément en mode 0 (résolution de 160x200), 4 en mode 1 (résolution de 320x200) et 2 en mode 2 (résolution de 640x200). Son processeur était un Zilog Z80A cadencé à 4MHz, soit l’un des processeurs les plus courants de l’époque. Il était équipé de la puce sonore General Instrument AY-3-8912 (la même qui équipait entre autres l’Intellivision, le Vectrex ou le ZX Spectrum) à trois canaux. Enfin, il intégrait un interpréteur du langage de programmation BASIC et pouvait également utiliser le système d’exploitation CP/M.
Un périphérique supplémentaire permettait à l’Amstrad CPC de lire des disquettes d’un format particulier : les disquettes 3" créées par Hitachi. L’Amstrad CPC était l’une des seules machines à utiliser ce type de disquettes (plus tard, le ZX Spectrum +3 et l’Amstrad PCW les utiliseront, ainsi que des machines obscures comme le Tatung Einstein ou le Timex FDD300). Ces disquettes étaient à double face et pouvait contenir 180 KB de données par face, soit 360 KB au total (c’est-à-dire environ 20 secondes de musiques fortement compressé en MP3, ce qui paraît ridicule aujourd’hui, mais à l’époque, on pouvait intégrer jusqu’à dix jeux simples sur une seule disquette !).
Une des particularités de l’Amstrad CPC était les couleurs des touches de son clavier. Du noir pour les touches classiques, du bleu pour les touches « Entrée » et « Retour », du vert pour les touches de fonction et du rouge pour la touche « Echap », un peu de gaieté dans un monde monochrome !
En Allemagne, en Autriche et en Suisse, c’est la société Schneider qui s’occupa de distribuer des CPC.
Le CPC 464 rencontra un vif succès mais on lui adressa deux défauts : l’absence d’un lecteur de disquettes interne et la faible mémoire vive (Spectrum et Commodore commercialiseront des versions 128 KB de leurs machines dès l’année suivante).
Amstrad se mit donc rapidement au travail et commença par le plus facile et rapide : ainsi, dès le mois de mai 1985, une version améliorée du CPC vit le jour, baptisée CPC 664 (voir la fin du dossier pour la signification de ces chiffres étranges). Il s’agissait en fait d’un modèle équivalent au 464 mais dont le lecteur de cassettes était remplacé par un lecteur de disquettes, bien plus rapide et fiable. Un jeu ne se lançait plus qu’en quelques secondes plutôt que quelques minutes ! Il s’agissait alors de la machine à disquette la moins chère du marché ; et également de la machine disposant d’un CP/M 2.2 la moins chère du marché ! Par contre, au revoir la couleur : les touches du clavier ne seront plus que grises et bleus…
Pour le deuxième reproche, Amstrad réussit également à sortir un CPC 6128, avec 128 KB de RAM et le lecteur de disquettes interne, dès la fin de l’année 1985. En moins d’un an et demi, 3 CPC différents étaient déjà sur le marché ! Il fut donc décidé de stopper la production du CPC 664.
D’autres modèles un peu bâtard firent également leur apparition dans d’autres pays, mais nous ne les connaîtrons pas en France : ainsi, un CPC 472 (72 KB RAM) fut distribué en Espagne par Indescomp en 1985.
Les CPC furent ensuite un peu oubliés par Amstrad, qui racheta la société Spectrum et créa des nouvelles versions de ces machines, et décida également de sortir d’autres gammes d’ordinateurs : les PCW (Personal Computer Wordprocessor), qui étaient plutôt des machines de travail, intégrant de nombreux logiciels professionnels (mais on pouvait également y faire tourner quelques jeux), et des PC compatibles MS-DOS, ainsi que des PC portables. Tout comme les CPC, l’un des avantages de ces ordinateurs étaient leur prix, parmi les moins chers du marché, ce qui lui permit de devenir, à la fin des années 1980, le leader du marché du PC en Europe.
Ce ne fut qu’en septembre 1990 qu’Amstrad décida de redonner sa chance à sa gamme d’ordinateurs, en lançant la gamme « plus ». Les 464plus et 6128plus – le terme CPC fut abandonné – eurent ainsi droit à un design plus moderne ainsi que l’ajout d’un port cartouche. Le hardware fut amélioré – les machines pouvaient désormais afficher 32 couleurs simultanément sur 4096 disponibles, l’affichage et le son étaient améliorés et les joysticks analogiques étaient désormais compatibles. Les prix allaient de 1990F à 3990F selon le modèle et le type d’écran (monochrome ou couleur). Amstrad en profita pour lancer une console de jeu, jaloux des succès grandissants des petites japonaises, et c’est ainsi que naquit le GX4000 – qui n’est en fait qu’un 464plus légèrement modifié. Les CPC+ n’intégraient plus le BASIC – à la place, celui-ci était disponible grâce à une cartouche, qui contenait également le jeu de voitures « Burnin’ Rubber » et qui coûtait à sa sortie 990F.
Mais c’était bien trop tard pour ces machines désuètes : du côté des micro-ordinateurs, les 16-bits étaient sur le marché depuis plus de cinq ans (Atari ST), l’Amiga 500 était là depuis 3 ans, et ces deux machines offraient des jeux et des rendus graphiques et sonores largement supérieurs à ceux de l’Amstrad CPC. Du côté des consoles, la première 16-bits à voir le jour en Europe, la Mega Drive, allait arriver dans 2 mois ! Et les 8 bits de Sega et Nintendo étaient là depuis déjà respectivement 3 et 4 ans ! Autant dire que la concurrence était rude et qu’Amstrad ne faisait plus le poids. A cela s’ajouta des problèmes techniques dans la fabrication des cartouches, ce qui fit que de nombreux jeux sortirent plus tard que prévu ou furent carrément annulés. Au final, seul 27 jeux sur cartouches virent le jour. Dès 1991, Amstrad cessa de produire des CPC, et les machines restantes furent vendues à des prix dérisoires. Alan Sugar, de son côté, se consola en achetant le club de football de Tottenham Hotspur, qu’il revendit 10 ans plus tard. En 2007, il revendit Amstrad à BSkyB pour 125 millions de livres, et il est aujourd’hui la 110ème personne la plus riche du Royaume-Uni.
Au final, environ 3 millions de machines furent vendues.
En France, le PDG d’Amstrad était Marion Vannier, qui a récemment accepté de répondre à une interview très intéressante par le site Phenix Informatique. Il faut savoir que la France était, avec le Royaume-Uni, le pays où l’Amstrad CPC s’est le mieux vendu (1 million d’exemplaires, soit 1/3 de tous les CPC vendus !). Les célèbres crocodiles, mascottes de la marque, étaient d’ailleurs une invention 100% française. La direction anglaise n’avait pas du tout apprécié l’idée de ces animaux pour représenter Amstrad, et Marion Vannier leur a bien fait comprendre que le marché anglais n’était pas le marché français, que si les français aimaient manger des cuisses de grenouille, ils pouvaient aussi aimer acheter des ordinateurs représentés par des crocodiles…
A cette occasion, Marion Vannier raconte une anecdote amusante : elle fut conviée à une émission de radio avec les représentants des plus gros constructeurs informatiques de l’époque : IBM, Thomson et Apple. Amstrad était donc le petit poucet, et Marion Vannier avait peur de ne pas pouvoir se faire remarquer. A son grand soulagement, la première question des auditeurs fut adressée à ses trois concurrents : « Pourquoi vous n’arrivez pas à vendre vos machines au prix des Amstrad ? ».
Explications des chiffres et du + se situant après le terme "CPC".
* Le premier chiffre désigne le média des jeux : 4 pour les cassettes, 6 pour les disquettes.
* Les chiffres suivants désignent la RAM en Ko : 64 ou 128, voir même 72 pour un modèle espagnol, l'Amstrad CPC 472, qui fut créé spécifiquement pour des raisons légales : le gouvernement espagnol surtaxait les ordinateurs de 64K qui n'intégraient pas à leur clavier la lettre "Ñ" (la jota). Amstrad décida donc d'ajouter 8 Ko de RAM, qui ne servent absolument à rien puisqu'ils ne sont même pas détectables par le système d'exploitation, simplement pour ne pas s'emmerder à changer ses claviers.
Sauf que le gouvernement espagnol décida de taxer TOUS les ordinateurs ne disposant pas de Ñ, quelque soit la taille de leur mémoire... Amstrad dut donc se résoudre à modifier ses claviers pour le marché espagnol, ce qui explique in fine que le CPC 472 existe en deux versions : une avec, et une sans la lettre Ñ.
* Enfin, le "plus" éventuel, après le nombre, marque la dernière évolution des Amstrad CPC, il ajoute : un composant ASIC, un lecteur de cartouche compatible GX4000, un port manette Compatible IBM, un double port manette DB9, un port parallèle 8 Bits, une sortie Stéréo par le moniteur et un port crayon optique.
Le GX4000, quand à lui, est un simple CPC 464+, mais sans le lecteur cassette, ni le clavier.
Pour résumer, voici la liste exhaustive des modèles d'Amstrad CPC :
* Amstrad CPC 464 : cassette, 64 ko de RAM
* Amstrad CPC 472 : cassette, 72 ko de RAM (Espagne uniquement), décliné en deux versions : avec ou sans la jota.
* Amstrad CPC 664 : disquette, 64 ko de RAM
* Amstrad CPC 6128 : disquette, 128 ko de RAM (dont 64 ko de mémoire paginée), décliné en deux versions, la deuxième réduit la taille et le coût de la carte mère.
* Amstrad 464 Plus : cassette et cartouche, 64 ko de RAM
* Amstrad 6128 Plus : disquette et cartouche, 128 ko de RAM
* GX-4000 : console de jeux basée sur le hardware du CPC+
A noter, enfin, qu'en Allemagne, les CPC étaient distribués par Schneider et portaient donc le nom de Schneider CPC, mais il s'agissait exactement des mêmes machines.
En bref, si vous voulez le meilleur ordinateur de la gamme, c'est vers un 6128 Plus qu'il faut se tourner (ou un 464 Plus si vous comptez jouer à des jeux au format cassette).
Comme évoqué plus haut dans le dossier, Amstrad a construit plusieurs gammes de machines, qui ne sont PAS compatibles entre elles :
* L'Amstrad CPC, qui est décrit dans ce dossier, et qui fonctionne sous Basic. La plupart des jeux sont jouables sur n'importe laquelle des machines, en-dehors de certains jeux qui nécessiteraient 128K ou la technologie "plus" mais je ne suis même pas sûr qu'ils existent.
* L'Amstrad PC, qui est compatible IBM PC.
* L'Amstrad PCW, qui est plutôt une machine de travail avec quelques jeux dessus, et qui fonctionne sous CP/M. A noter que l'Amstrad CPC était également compatible CP/M, si vous avez eu de tels jeux, pour les lancer il fallait taper la commande ùcpm ou |cpm...
Évidemment, ces deux gammes ont également connus des modèles différents, que je ne détaillerai pas ici.
Si vous débutez sur Amstrad CPC, vous allez vous retrouver devant un écran comme celui-ci :
Sans savoir quoi faire...
Le cas des cartouches
Quand une cartouche est insérée, le jeu se lance directement lors de l'allumage de l'ordinateur, comme pour une console de jeux. C'est le cas de figure le plus simple.
Le cas des disquettes
Deux commandes sont importantes. La première, "CAT", permet de lister les fichiers contenus sur la disquette. Exemple ci-dessous avec Gryzor :
Pour savoir quel fichier lancer, il faut chercher celui avec l'extension ".BAS" (pour BASic), ou celui sans extension (ou, très très rarement, un fichier .BIN). Ici, on trouve un "GRYZOR.BAS". Il suffit alors de lancer le jeu avec la commande :
RUN"GRYZOR
En fait la commande élégante serait RUN "GRYZOR.BAS" mais le Basic 1.1 est sympa, il ne vous en veut pas si vous ne fermez pas les guillemets. Sans extension précisée, il ira chercher : un fichier sans extension, ou un fichier .BAS, ou un fichier .BIN.
Dans 99% des cas, le fichier à lancer sera : le nom du jeu, ou les X premières lettres du nom du jeu, ou l'acronyme du nom du jeu, ou "DISK", ou "DISC", ou "MENU" (pour les disquettes contenant plusieurs jeux), plus rarement "GAME", ou "JEU", ou "DISQ", ou, pour les jeux Ubi Soft uniquement, "UBI". Souvent, la commande qui sert à lancer le jeu est inscrite sur la disquette, comme ici :
Le cas des cassettes
Si votre CPC dispose à la fois d'un lecteur K7 et disquette, il faut au préalable passer en mode K7 en tapant la commande :
|TAPE
Ensuite, ou sinon, taper la commande :
RUN"
Puis attendre... parfois très longtemps... c'est chiant le format K7.
CP/M
Certains jeux nécessitent CP/M plutôt que BASIC. Pour lancer un jeu en CP/M, il faut taper |cpm (ou ùcpm : les CPC plus récents ont remplacés le symbole | par ù).
NOTE : CP/M ne concerne que certains jeux sur disquettes, jamais sur K7 ou sur cartouche.
Si le jeu se lance, c'est gagné. Sinon, l'affichage change, on passe en mode 2 (voir plus haut), et la syntaxe n'est plus la même (c'est la commande "dir" qui permettra désormais de lister les fichiers présents sur la disquette). Si vous êtes arrivé là, c'est que le jeu n'est pas compatible |cpm (ou que vous avez oublié d'insérer la disquette...).
De nombreux émulateurs CPC existent, ci-après un lien qui les présentent : http://www.emu-france.com/emulateurs/10 ... d-cpc-cpc/
Je n'en connais que deux : CPCe et WinApe. Caprice est un des émulateurs les plus populaires, mais je ne l'ai jamais essayé. WinApe fait parfaitement le boulot selon moi (CPCe est moins intéressant car il dispose de beaucoup moins d'options).