[TIMELINE] League of Legends

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Paulemile
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[TIMELINE] League of Legends

Message par Paulemile »

Le jeu qui a failli ruiner ma vie





League of Legends (PC, 2009)
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Pourquoi je m’y suis mis ?
À la fin des années 2000, pratiquement tout mon temps de jeu vidéo passait dans DotA. Quand j’ai appris qu’un studio composé de certains des créateurs avait repris le concept pour en faire un standalone, ma curiosité a fait un bond vers l’infini et au-delà. Un jeu encore plus addictif que celui qui me pourrit la vie depuis plusieurs années ? Gratuit en plus ? Ah ouais, je signe tout de suite, bien sûr ! Et comme si le destin craignait encore que je ne succombe pas à la tentation, il m’a fait gagner une édition Collector à la Paris Games Week 2009 (ou un salon du même genre, je ne sais plus). Facile, en même temps ; il suffisait de se pointer au stand de Riot Games et gagner une partie contre d’autres gars. Avec l’un de mes colocs et notre bagage conséquent sur DotA, on a plié le truc en même pas vingt minutes, et on a embarqué notre belle boîte sous le bras. Moi qui pensais avoir fait l’affaire du siècle, je n’avais alors pas idée du calvaire que LoL allait me faire vivre pendant plus de cinq ans.
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Pourquoi j’ai aimé ?
Bon, du coup, on a compris que je connaissais le concept. Massive Online Battle Arena, cinq contre cinq, on tabasse des petites bestioles ennemies PNJ et les joueurs adverses pour se faire du fric et de l’expérience, jusqu’à ce que l’une des équipes explose la base de l’autre. Au début, j’ai un peu regretté de ne pas pouvoir incarner Meepo, Visage ou le Necrolyte pour massacrer tous les newbies qui se lançaient dans l’aventure, mais j’ai bien vite pris mon pied avec les nouveaux champions, Teemo, Annie et Morgana notamment, mais surtout Sion, qui possédait un set d’aptitudes assez impressionnant pour découper les plus impertinents. LoL a connu un succès assez fulgurant (enfin je crois, c’est l’impression que j’ai eue en tout cas), et le nombre de champions a vite augmenté. Amumu, Janna, Irelia et Karma ont rejoint mon armada de combattants de prédilection.


L’euphorie innocente a duré un temps assez court, même pas une année peut-être. Car par la suite, Riot Games a annoncé l’apparition des parties classées et l’entrée du jeu dans l’e-sport. Dès lors, le nombre de “normal games”, lancées avec des potes pour s’éclater, a laissé de plus en plus de place aux “ranked games”, où je me lançais seul avec quatre inconnus à l’assaut du classement mondial. La fameuse Solo Queue. La frénésie qui m’a pris à ce moment n’a rien de comparable à celle de l’époque Dawn of War II ; elle la chope par la gorge, la fout par terre et la piétine jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. J’ai d’abord voulu faire comme tout le monde : briller dans les rôles les plus prestigieux, comme le mage qui tient la ligne centrale ou le jungler qui surgit de nulle part pour tendre des embuscades. Ça a fonctionné un temps - merci Nocturne et Cassiopeia - et j’ai pu me hisser jusqu’au rang platine assez vite. J’ai tenu plusieurs mois comme ça, avant de sentir les limites de mon skill me bloquer de nouveau. Comme pour Dawn of War, j’ai choisi de me spécialiser. Et pour avoir la certitude d’obtenir le rôle que je convoitais, autant prendre celui dont personne ne voulait : le support !
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Le cocktail solo (donc pas en équipe avec les potes, mais avec des gens parfois bien tarés), support (rôle pas toujours impactant et agissant dans l’ombre, sur le long terme, grâce à de petites actions quasi invisibles), au sein de l’une des communautés les plus toxiques de la planète (on a souhaité la mort de ma mère via tous les cancers imaginables, que ma meuf me trompe et me refile le Sida, que mon chat m'égorge et se noie dans mon sang, autant de la part des alliés que des adversaires, tout ça des milliers de fois), de plus avec un PC qui s’éteignait au bout de dix minutes si je ne plaquais pas un ventilateur dessus en permanence (un ventilateur pour humain, hein, pas pour ordi). J’ai cru devenir fou tous les jours, j’ai voulu arrêter après chaque défaite, j’ai vu ma vie sociale se réduire à peau de chagrin, et pourtant, impossible de raccrocher. Impossible de laisser tomber avant d’avoir atteint mon objectif, à savoir rejoindre le club très fermé des joueurs classés Diamant. Car LoL possède l’un des concepts les plus addictifs qui soit, des mécaniques ultra bien huilées, et une équipe de développeurs très réactifs ; un excellent jeu, dans l’absolu. Heureusement (d’un point de vue purement ludique), n’ayant pas trouvé de travail après mon école de Game Design, je suis resté près de trois ans au R.S.A., en bossant en intérim sur de petites missions, voire même au black, juste pour gagner de quoi payer ma connexion internet. Enfin, gagner de quoi mettre un toit dessus.


Et vous savez quoi ? Bah j’ai réussi ! Après des dizaines de tentatives avortées, j’ai atteint mon graal personnel, et même un peu plus, puisque mon meilleur classement a été Diamant, division 3 (sur 5), 63 points (sur 100 pour passer à la division 2). Est-ce que ma soif de compétition a diminué pour autant ? Même pas, sauf que pour atteindre la catégorie encore supérieure, je repartais pour dix ans de galère. Impossible, même en laissant mon côté le plus asocial prendre le dessus sur tout le reste de ma vie. Entre temps, j’ai présenté LoL à l’un de mes petits frères, qui y a pris un peu trop goût, lui aussi. Sauf que lui, il a grimpé encore plus haut, et il culmine au rang de Master aujourd’hui. Il joue dans une team semi-pro, et gagne quelques gros matchs en division 3. Ma famille me reproche parfois de l’avoir fait tomber dedans, et elle n’a pas tout à fait tort. Je m’en veux un peu, quand j’y repense, même si mon frangin m'assure qu'il serait tombé dedans avec ou sans mon aide.
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J’ai pas mal écouté la musique du jeu à ses débuts, avant que les développeurs ne modifient tout trois ou quatre fois. Il me semble que la B.O. n’a plus rien à voir, maintenant. De toute façon, j’ai beaucoup plus joué en écoutant ma propre discothèque que l’OST de LoL. Mais si je ne devais retenir qu’un morceau, ce serait le vieux thème de la bonne époque. L’époque où je croyais encore en mes chances de faire partie de l’élite des joueurs, et que cet objectif ne posait aucun souci dans mon quotidien. Haha ! Tout a bien changé, pas vrai ? Que quelqu’un me confirme que ça n’arrivera plus, par pitié !
League of Legends - Classic Summoner’s Rift, Phase 2



Pourquoi j’ai arrêté ?
Je n’ai pas laissé tomber League of Legends par lassitude, j’ai laissé tomber pour ne pas basculer dans le côté obscur du gaming. Ce jeu m’a fait perdre le sens des priorités pendant un sacré bout de temps. Je m’y suis engouffré de manière inconsciente, je pense en réponse à la petite dépression qui a suivi une rupture difficile. Sauf que j’ai aussi failli perdre ma nouvelle copine dans l’opération, et des potes se sont mis à ne plus me considérer comme aussi cool qu’avant. Il a bien fallu que je retrouve un boulot stable aussi. Avoir un emploi du temps “classique” ne pouvait pas coïncider avec le tryharding de fou furieux nécessaire à la conservation de mon niveau. Quelques années plus tard, j’ai relancé le jeu, comme ça, juste pour voir. En quelques parties, j’ai commencé à ressentir la même frénésie qui m’avait habité de 2010 à 2015. Et pourtant, je n’ai même pas réussi à me qualifier pour le rang Gold, tant j'avais perdu en skill (ou alors le reste du monde a progressé de malade). Ça m'a un peu fait flipper et j’ai raccroché direct. Encore un peu plus tard, j'ai repris du service à nouveau, encore à cause d'une période pas du tout agréable de ma vie (il y a une psychanalyse à faire là-dessus j'ai l'impression). Ouuuuh j'ai galéré, mais là j'ai atteint le Gold ! Cool ! Super ! Et quoi ? J'ai un gosse maintenant. A-t-il envie de voir son père devenir barge devant son ordi, des abrutis en train de l’insulter parce qu'il a posé une balise de vision dix secondes trop tard ? Je n’arrive plus à envisager ce jeu comme du plaisir léger, à délirer en normal games ou en ARAM avec des potes. Alors, autant en garder un "relatif bon souvenir" et tourner définitivement la page. Allez ! Terminé ! Basta ! Vraiment ? Haha ! Non, pas vraiment. Je pense que je retomberai dedans dès que d'autres jeux ne me tiendront pas assez occupé. Je tenterai ma chance une fois de plus pendant quelques mois, avant de capituler devant l’immonde comportement de la plupart des joueurs. Simplement, je ferai ça quand mon gosse ne regarde pas. De toute façon, je n'ai plus le temps de faire douze parties par jour, bonne nouvelle, non ? J’imagine que c’est bien, de faire autre chose dans la vie. Quelqu’un sait ?
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BeyondOasis
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Message par BeyondOasis »

Toujours aussi bien écrit mais un peu moins drôle que d'habitude.

Ca me fait un peu penser à la période où j'ai voulu me lancer dans Guild Wars. En fait en me voyant sur ce jeu mon grand frère a aussi acheté une copie, dans l'optique que l'on joue ensemble.
Au final je n'ai jamais passé le tutoriel, je n'arrivais pas à m'y mettre vraiment et surtout j'avais des occupations dans le "vrai monde". Par contre mon frère est complètement tombé dedans. Et presque 20 ans plus tard, il y est toujours (il a tout de même changé de jeu), et même plus que jamais.
Comme ton frère, le mien aurait peut être plongé tout seul mais je lui ai tout de même un peu facilité la tâche

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Antarka
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Message par Antarka »

J'en ait bien sûr énormément entendu parler, mais jamais joué, m'a jamais attiré ce truc.

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