Je viens de mater Là-Haut des studios Pixar ...
Tout d'abord, je dois confesser que l'animation 3D n'est vraiment pas ma tasse de thé. Généralement, j'ai une préférence pour l'animation traditionnelle et le dessin en 2D. Mais là, force est de reconnaître que ce
voyage exotique et aérien est un ravissement pour les yeux. Là-haut, c'est l'aventure d'une vie, la rétrospective des joies comme des peines de Carl, un vieillard aigrit mais attachant. En cela, les quinze premières minutes sont une pure merveille, du Pixar au meilleur de sa forme, mais je reste partagé sur le ton un peu trop léger que le film adopte par la suite. C'est pourquoi à mes yeux, Là Haut ne se classe pas parmi les tout meilleurs films du studio tels que Wall E, Toy Story ou bien encore Ratatouille, mais c'est tout de même du très bon Pixar. Là-haut est beau, drôle, émouvant et très original, ou tout du moins les prémices du scenario, car sur la fin ça s'essouffle un peu !
Les quinze premières minutes (un film dans le film) sont une pure merveille. C'est un résumé poignant des épisodes les plus marquants de la vie de Carl, certains heureux, d'autres plus tristes ... jusqu’à la mort récente de son épouse. Bien que travaillé par le deuil et harcelé par des promoteurs véreux, Carl ne se laisse pas abattre. Ainsi, pour garder sa maison, le vieil homme opte pour une solution inattendue et quelque peu "aérienne". Il arrache littéralement sa maison du sol, la fait décoller grâce à des ballons, avec l’espoir de réaliser le rêve partagé avec sa défunte femme. Et ce rêve, c'est de s’installer en Amérique du Sud, sur les hauteurs de gigantesques chutes.
Carl est bougon, sourd, casanier et se déplace avec dentier et déambulateur ... toutes les qualités pour incarner le personnage principal de Là-haut. Mais si Carl est irascible au premier abord, c’est parce que le temps ne lui a pas fait de cadeaux. L’amour de sa vie est partie trop tôt, avant lui. Il a consacré sa vie à rendre sa femme heureuse et quand sa fin est arrivée, il n’a jamais réussi à passer à autre chose. C'est comme s'il n'avait aimé personne d'autre à part sa femme durant sa vie. Il va donc falloir se lever tôt, si vous voulez trouver une brèche dans son armure d’insensibilité, mais certains y arrivent car en réalité, derrière sa carapace un peu poussiéreuse, se cache un cœur qui s’attendrit.
C'est là que le jeune Russel intervient. Russel est attachant, dynamique et s'intéresse à tout ce qui l'entoure. C'est un personnage drôle et touchant, qui est suffisamment profond pour qu'on s'intéresse à lui et il crée une bonne dynamique comique avec Carl. Mais la meilleure réplique de Russel n'est pas du tout comique, c'est lorsqu'il dit à Carl sur un ton triste et détaché "mais machine, ce n'est pas ma maman" en parlant de la compagne de son père. Cette révélation et la façon dont elle nous est révélée, c'est très émouvant. Ce passage redistribue les cartes et prend le spectateur par surprise, puisque jusqu'à cette minute du film, on avait un Russel dynamique, épanoui, heureux et qui paraissait gâté par la vie, mais lors de ce passage, tout ce qu'on croyait connaitre sur lui s'effondre d'un seul coup, pour laisser place à beaucoup de compassion.
Là-Haut démarre très fort en attaquant un sujet tabou, celui des affres de la vieillesse et donne un autres regard sur les "vieux". Cette histoire de vieillard irascible qui s’envole avec sa maison pour réaliser le rêve de sa défunte femme est la plus belle des métaphores sur le travail de deuil. Au début du film, Carl nous est présenté comme une personne âgé victime de l'isolement, d'une fin de vie laborieuse, poussiéreuse ... mais qui ne se laisse pas abattre et qui s'envole littéralement dans le ciel dans sa maison. Un bâtiment qui se détache du sol pour prendre le large, ça ne vous dit rien ? Moi j'ai tout de suite pensé au court métrage The Crimson Permanent Assurance de Terry Gilliam, qui sert de prologue au Sens de la Vie des Monty Python.
Là-haut respecte scrupuleusement le cahier des charges du studio Pixar. C'est du made in Pixar au plus fidèle de la forme et du fond. Nous avons un sujet original, une maison qui s'envole dans les ailes, accrochée à des ballons. Nous avons deux personnages atypiques et attachants (le vieux grincheux et le scout débrouillard), le ressort comique (les chiens qui parlent) et le méchant vraiment très méchant (la voix de Christopher Plummer). Il y a de l'humour (les chiens qui parlent, leur obsession pour les écureuils et les étourderies de Russell) et des sentiments (l’amour de Carl pour sa femme et le besoin de reconnaissance de Russell), sans oublier une bonne dose d’aventure.
Oui mais voilà, comme parfois quand la première séquence d'un film est à ce point réussie et touchante, la suite à bien du mal à répondre aux attentes suscitées. Par la suite, le ton du film s'infantilise un peu trop et le méchant n'est franchement pas à la hauteur, car bien trop caricatural. Malheureusement pour moi, je perçois toujours les mêmes défauts dans les productions Pixar, à savoir un scénario cousu main avec un méchant qui est vraiment très méchant et un happy end aussi prévisible qu’inévitable. Au final, je retiens surtout les quinze premières minutes pour l'émotion que ça m'a produit. Beaucoup d'entre nous voient en Carl l'un de nos grands parents disparus et c'est dans ces moments là que toute la magie opère dans Là-haut.
J'ai également maté Ratatouille ...
Ratatouille de Brad Bird est l'un de mes films Pixar préférés. Et pourtant, généralement je ne suis pas très fan des films d'animations 3D et par conséquent des films Pixar aussi, mais Ratatouille a ce petit quelque chose de magique qui le hisse au dessus de la concurrence. Et ce petit quelque chose de magique, c'est son authenticité. C'est d'ailleurs quelque chose (cette authenticité) qu'on percevait déjà dans les deux premiers films d'animation de Brad Bird, Le Géant de fer (1999) et Les Indestructibles (2004).
Ratatouille, c'est l'histoire simple de Rémy, un rat des champs qui monte sur Paris. Mais il n'est pas tout à fait comme les autres rats, il a un don exceptionnel pour la cuisine. Sur Paris, la vision carte postale de Paris, il va rencontrer par hasard Linguini, le fils d'un grand chef qui lui par contre n'a absolument aucun don pour la cuisine. Mais comme le dit la devise du film, tout le monde peut cuisiner. Le petit rongeur va alors aider l'humain pour tenter de redorer le blason du restaurant.
Pour moi, Ratatouille c'est donc ce que j'appelle un vrai bon "feel-good" movie, un film qui vous donne le sourire une fois que le générique de fin apparait à l'écran. Les petits bonheurs de la vie sont un sujet que j’affectionne tout particulièrement au cinéma et Ratatouille c'est exactement ça, un film qui parle des petits bonheurs de la vie, mais ici sur le plan culinaire. Si j'ose parler sur le registre de la métaphore culinaire, c'est un film qui nous fait ressentir ce même petit plaisir que lorsqu'on mange un plat qui nous rappelle notre enfance, de ces plats simples et bons qui sont en fait les meilleurs. C’est bien ce qu’on dit, les choses les plus simples sont souvent les meilleures, non ?
Il n'y a pas besoin de proposer un concept ultra révolutionnaire pour faire un bon film et Brad Bird le prouve ici une fois de plus. Le Géant de fer c'est l'histoire simple d'un petit garçon qui sympathise avec un grand robot. Les Indestructibles c'est l'histoire simple d'un super-héros et de sa famille extraordinaire confrontés à la banalité du quotidien. Ratatouille c'est l'histoire simple d'un rat des champs qui se mue en rat de grand restaurant. L'essentiel pour Brad Bird, c'est de se donner les moyens de réaliser ses ambitions et de s'en tenir aux valeurs et aux idées qu'il souhaite transmettre. Son amour pour la bonne chère et sa passion pour la Ville Lumière sont évidents dans ce poème gastronomique. C'est là le point fort du film de Brad Bird, son authenticité et sa simplicité.